Le FMI appelle à une vigilance sur l'essor rapide des crédits immobiliers et annonce que le ratio minimum de fonds propres passera à 12 % avant la fin de 2009. Le maintien de la dette totale de l'État à un niveau élevé reste la principale vulnérabilité du Maroc. Le Fonds monétaire international (FMI) tire la sonnette d'alarme. Dans un récent rapport publié au titre de l'année 2008, cette institution financière alerte sur la croissance fulgurante que connaît les crédits immobiliers au Maroc. «L'essor rapide du crédit doit continuer à faire l'objet d'une grande vigilance, surtout dans le secteur de l'immobilier», précisent les analystes du FMI. «Bien que l'évolution récente du crédit puisse refléter un rattrapage de bon augure, un certain relâchement des conditions de crédit s'est fait jour par ailleurs, notamment le crédit immobilier», ajoutent-ils. Dans ce rapport, le Fonds monétaire international souligne aussi que la réponse des autorités a été globalement adéquate et une vigilance constante est justifiée. «Il convient de saluer l'intention des autorités de relever le ratio minimum de fonds propres à 12% avant la fin de 2009, ce qui est conforme aux meilleures pratiques des pays émergents», selon la même source. Les efforts pour renforcer la supervision bancaire doivent se poursuivre. Les autorités continuent, à juste titre, de suivre de très près la rapide croissance du crédit, notamment dans le secteur de l'immobilier, selon la même source. Par ailleurs, l'équipe de Dominique Strauss-Kahn, directeur général du FMI, a annoncé que les autorités marocaines surveillent de près la récente expansion vigoureuse du crédit. «Celui-ci a crû de 60 % d'avril 2006 à avril 2008, et les taux de défaillance pourraient augmenter dans les années qui viennent. Cependant, un certain phénomène de rattrapage est à l'œuvre, compte tenu de l'approfondissement de l'intermédiation financière», note-t-on dans ce document. Selon le FMI, la croissance du crédit est généralisée et concerne notamment le crédit d'investissement à long terme, ce qui pourrait stimuler la croissance potentielle. Sur la scène internationale, le FMI précise que, jusqu'à présent, le Maroc n'a guère été affecté par les effets des turbulences mondiales du crédit. En effet, les indicateurs du marché financier n'ont fait apparaître aucun signe visible de dégradation de la perception du risque au Maroc par rapport à d'autres marchés émergents. Les fondamentaux du Maroc se sont améliorés par rapport à ceux de ses pairs, principalement parce que l'État finance désormais par la dette intérieure plutôt qu'extérieure, selon cette institution mondiale. Les investisseurs mondiaux classent de plus en plus les marchés émergents selon ces fondamentaux, ce qui est confirmé par la faible hausse de la perception du risque du Maroc sur les marchés mondiaux. Le maintien de la dette totale de l'État à un niveau élevé reste la principale vulnérabilité du Maroc, avisent les analystes de ce Fonds. Subvention : Pour un meilleur ciblage Selon le FMI, le système de subventions généralisées en vigueur au Maroc est la question la plus importante à laquelle les autorités devraient faire face. Un meilleur ciblage des subventions à moyen terme sera primordial pour réduire au minimum les risques pesant sur le budget et dégager les ressources nécessaires pour financer les actions prioritaires du gouvernement. Le FMI note le caractère régressif du système de subventions actuel et met en avant les coûts d'opportunité considérables, sous forme d'investissements publics et dépenses d'éducation auxquels il faudrait renoncer. Dans ce sens, les administrateurs du FMI encouragent les autorités à préserver l'acquis des efforts déjà consentis pour maîtriser la masse salariale. Ils font valoir qu'un rééquilibrage plus ambitieux des finances publiques donnerait de meilleures assurances de stabilité macroéconomique et soulignent que la solidité des finances publiques est une condition primordiale pour le passage prévu du Maroc au régime de change plus flexible à moyen terme.