Réagissant aux récentes déclarations contradictoires du président du Parlement mauritanien, Messaoud Ould Belkheïr, le président du parti du Rassemblement populaire (PRP), Mohamed Ould Nahah, a dénoncé des «pressions algériennes». ALM : Après avoir déclaré son soutien à l'offre marocaine d'autonomie, lors de sa visite le 28 mai dernier à Rabat, le président du Parlement mauritanien, Messaoud Ould Belkheir, a fait volte-face en affirmant «la neutralité positive» de la Mauritanie dans l'affaire du Sahara. Quelle analyse faites-vous de ce changement de position ? Mohamed Ould Nahah : Nous avons été très surpris par ce revirement. D'abord, parce qu'on ne s'attendait pas à ce que ce revirement vienne d'un homme expérimenté, rôdé et érodé par tant d'années de politique, comme Messaoud Ould Belkheïr. Et puis, - et là c'est encore plus grave -, parce que M. Belkheïr est le président de l'Assemblée nationale mauritanienne. Notre crainte aujourd'hui est que ce revirement mette en brèche la crédibilité même de l'institution législative mauritanienne à l'échelle internationale. Le président du Parlement mauritanien a-t-il subi des pressions pour revenir sur sa déclaration favorable à la proposition d'autonomie ? Il est très fort probable que Messaoud Ould Belkheïr ait subi en tant que président du Parlement mauritanien de fortes pressions pour revenir sur sa position. M. Belkheïr se serait, peut-être, inquiété pour son poste de président de l'hémicycle, d'autant plus que son parti, le parti de la Coalition populaire, est minoritaire au sein du Parlement. Mais une chose, cela étant, est sûre : quand on médite sur la manière avec laquelle le Premier ministre mauritanien, Yahya Ould Ahmed El Waghf, a été accueilli récemment à Alger, à la veille de la réunion de la haute commission mixte, on comprend facilement pourquoi M. Belkheïr a changé de position. Alger a tout simplement fait chanter Nouakchott. Elle a utilisé tous les moyens de pression pour amener M. Belkheïr à émettre un avis contraire à la conviction de la majorité du peuple mauritanien, en l'occurrence son soutien réel à l'offre marocaine d'autonomie. Le peuple mauritanien a des relations solides et stratégiques avec le Royaume du Maroc, et il n'acceptera jamais qu'un Etat croupion soit incrusté entre la Mauritanie et le Maroc. L'intégrité territoriale du Royaume est importante aussi bien pour le peuple marocain que pour le peuple mauritanien. Que pensez-vous de la position officielle de Nouakchott sur la question du Sahara ? Personnellement, je suis contre «la neutralité positive» de Nouakchott sur ce conflit artificiel. D'ailleurs, je ne considère pas « la neutralité » comme étant une position. Nouakchott doit se prononcer ouvertement de manière à pousser vers le règlement de ce conflit artificiel, d'autant plus que la position du Polisario et de l'Algérie est restée figée. Il eût été plus judicieux pour Nouakchott de se mettre aux côtés du Maroc. Quelle est la position de votre parti sur la solution d'autonomie ? Une grande partie des formations politiques mauritaniennes, et la majorité du peuple mauritanien, sont favorables à l'initiative de SM le Roi Mohammed VI pour octroyer un statut d'autonomie aux provinces sahariennes. Nous considérons que c'est une initiative sage et courageuse. Cette initiative est née d'une volonté sincère de réaliser la stabilité, la prospérité et le progrès non seulement pour les peuples marocain et mauritanien frères mais aussi pour l'ensemble du Maghreb. Nous sommes convaincus du bien-fondé de l'initiative marocaine, d'autant plus que le Maroc offre tous les gages nécessaires pour une meilleure mise en œuvre du plan d'autonomie. Notre position n'est pas née du néant, nous mesurons le progrès réalisé par le Maroc sur les dossiers des droits de l'Homme, la liberté d'expression, l'urbanisation … Le Maroc passe pour un modèle dans la région du Maghreb. Volte-face mauritanienne Le président de l'Assemblée nationale mauritanienne (Parlement), Messaoud Ould Belkheir, qui a effectué une visite de travail le 28 mai 2008 à Rabat, avait salué le plan d'autonomie au Sahara. Le président de l'hémicycle mauritanien a estimé que ce plan d'autonomie, proposé par le Maroc en avril 2007, cherche «une solution politique et pacifique» à ce conflit, vieux de 33 ans. Mais, une fois rentré en Mauritanie, le président du Parlement mauritanien a fait une déclaration dans laquelle il a affirmé sa «neutralité positive» dans l'affaire du Sahara. Ce revirement surprenant est intervenu suite à la visite effectuée, le 31 mai 2008 à Alger, du Premier ministre mauritanien, Yahya Ould Ahmed El Waghf. Lors de cette visite, les responsables algériens ont exercé une forte pression sur leurs homologues mauritaniens au point que le président du Parlement M. Belkheïr s'est vu contraint de s'aligner sur la «neutralité positive» exprimée par l'Exécutif mauritanien.