Le Premier ministre a présidé, lundi, une rencontre organisée avec le patronat dans le cadre du dialogue social. Sans pour autant avoir pris de grandes décisions, les syndicats et le patronat se sont montrés tous deux prêts à travailler côte à côte. À «J-14» de la Fête du travail, le second round du dialogue social s'est clôturé, lundi, sur une note d'entente entre les parties. Présidée par le Premier ministre, Abbas El Fassi, la réunion tenue avec la délégation du la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), a été l'occasion pour les participants de brosser un bilan des différentes étapes franchies par le gouvernement dans les consultations avec les partenaires économiques et sociaux, depuis la publication du livre blanc de la CGEM. Questionné par ALM sur les principales caractéristiques des revendications des centrales syndicales, Moulay Hafid Elalamy, président de la CGEM, a indiqué que «ces demandes relèvent d'une part d'un volet qualitatif, en ce sens qu'elles concernent les dispositions du Code du travail, les relations entre les entreprises et les syndicats, mais aussi la création des comités d'entreprises. Tout cela semble, effectivement, cohérent avec l'évolution dans laquelle s'est engagé le pays». Et d'ajouter que «les autres revendications se basent sur la prise en compte de la conjoncture et du niveau de vie dans la délimitation des salaires des employés». D'ailleurs, selon M. ELalamy, «ce qui a marqué cette rencontre c'est la qualité de la responsabilité engagée de part et d'autre. Les deux parties sont parfaitement conscientes des contraintes, ce qui permet de regarder les choses avec une grande maturité. Ce que je trouve grandement satisfaisant c'est que les syndicats et les patrons comprennent que le travail se fait côte à côte». En effet, du côté du patronat, l'expression d'une disposition totale à adhérer au processus du dialogue social a été formulée. Les chefs d'entreprise se sont montrés prêts à œuvrer de telle sorte à ce que le revenu de leurs collaborateurs soit amélioré. Par contre, la ligne rouge se trace, bien sûr, lorsque cette amélioration de situation empiète sur la préservation de la compétitivité et de la productivité de l'entreprise marocaine. «La CGEM a accompagné la réflexion menée, notant un accueil très favorable de ce dialogue de la part des patrons. Contrairement à ce que l'on croit, les opérateurs économiques sont loin d'être égoïstes, et ils ne sont pas censés être dos à dos avec les syndicats», commente le président des patrons d'entreprises. Celui-ci tient à préciser, justement, que les entreprises, pour se développer, doivent créer de l'emploi, et que leur productivité se base sur la motivation des salariés. «Quand un employé est sous-payé, qu'il n'arrive pas à supporter un niveau de vie élevé par rapport à son revenu, la productivité de l'entreprise s'en ressent. Des employés bien traités sont automatiquement productifs», souligne M. ELalamy. Sur un autre volet, les employés ne sont pas les seuls concernés par les négociations. «Le pire, c'est la situation des sans-emplois. Les gens ayant perdu leur emploi ont besoin que l'on puisse prendre soin d'eux», indique le président de la CGEM. Par ailleurs, sur la question du SMIG, M. Elalamy n'est pas contre le principe de l'augmentation, mais exige une adaptation de cet indice secteur par secteur pour préserver la compétitivité des entreprises. «Un SMIG à 3.000 dirhams pour certains secteurs ne sert à rien car il mettra en risque la compétitivité du marché marocain sur ces secteurs. Un SMIG, en valeur absolue pure et dure pour tous les secteurs, en soi n'a pas de sens», explique-t-il. En somme, il s'agit, pour le patronat, de prendre en considération les exigences de chaque secteur d'activité, et donc d'opérer une segmentation pour la fixation du salaire minimum. Justement, «d'où l'intérêt des conventions collectives. Celles-ci servent à prendre des décisions adaptées à chaque secteur. Par exemple, un SMIG à 3.000 dirhams pour une entreprise qui opère dans le textile ou même le bâtiment serait possible, mais dans la seule éventualité où on voudrait fermer cette entreprise et que notre économie n'aurait plus besoin de ces secteurs pour la dynamiser», tranche le président de la CGEM.