Le documentaire «Casanayda», réalisé par Farida Belyazid et écrit par Dominique Caubet, sera projeté le 11 avril dans le cadre du 3ème Panorama des cinémas du Maghreb à Saint-Denis, en France. Un film qui analyse le phénomène «Nayda». Après avoir été projeté dans différentes manifestations culturelles nationales et internationales, le documentaire «Casanayda» participe au 3ème Panorama des cinémas du Maghreb, à Saint-Denis en France qui se tiendra du 10 au 16 avril. Dans «Casa Nayda», la réalisatrice Farida Belyazid, aux côtés de la sociolinguiste, spécialiste de la darija, Dominique Caubet, fixent leurs projecteurs sur le phénomène «Nayda» (ça bouge). Un phénomène qui a commencé essentiellement par la musique, notamment avec le Boulevard des jeunes musiciens et le festival des Gnaoua, puis s'est étendu à la radio, la mode, la publicité et les nouvelles technologies. Ainsi, le film retrace l'itinéraire de cette effervescence culturelle, initiée par une jeunesse cherchant à clamer son identité marocaine avec sa langue dialectale et à travers une manière d'être, une expression artistique et un langage nouveau. Qualifié d'abord de «Movida marocaine» par la presse nationale et internationale, le phénomène a suscité plusieurs controverses. Les plus optimistes y voient un mouvement culturel authentique similaire à certains égards à la Movida espagnole. D'autres, plutôt sceptiques, n'y voient qu'un phénomène superficiel ou purement «Marketing», créé de toutes pièces et poussé par une presse progressiste et moderniste. Toutefois les protagonistes de ce film tranchent. Lors de la sortie «Casanayda» en septembre 2007, la sociolinguiste Dominique Caubet a déclaré : «Nayda est un phénomène social urbain profond. Beaucoup plus qu'un mode, c'est un mouvement dans lequel toute une partie de la société marocaine se reconnaît et particulièrement les jeunes. Depuis la fin des années 90, ce mouvement s'est progressivement amplifié passant d'une culture alternative issue du milieu underground pour acquérir une visibilité et prendre sa place sur la scène publique.». Ainsi c'est en 2003 que le mouvement va apparaître publiquement dans une situation de paradoxe, d'abord lors du procès des 14 musiciens accusés de satanisme, puis après les attentats du 16 mai. On notera, alors, une forte mobilisation de la jeunesse contre les deux événements, mais aussi, face à des institutions et à des voix qui voulaient fermer le Boulevard des jeunes musiciens, affirmant par là son identité dans la pluralité et la tolérance. De là émergeront des groupes de musique qui compteront parmi les principales figures de la «Nayda», dont Mafia C, H-Kayne, Fnaïre, Zanka flow, Bigg, Darga et Hoba Hoba Spirit. Toutefois, pour Belyazid: «Les jeunes artistes rencontrent toujours de multiples difficultés notamment dans le domaine de la musique : difficulté de trouver un espace de répétition, vue le genre d'instruments musicaux utilisés (batterie guitare éléctrique…). L'artiste ne peut toujours pas vivre convenablement de son art et souffre de l'absence de statut d'artiste». Notons que «Casanayda» est séléctionné parmi près de 40 films d'aujourd'hui et d'hier, d'auteurs résidant au Maroc ou de la diaspora marocaine, d'auteurs d'origine tunisienne et algérienne, qui seront présentés lors du festival Panorama des cinémas du Maghreb, à Saint-Denis. Le programme comporte également trois tables rondes sous le thème «Comment peut-on sauver les salles de cinéma au Maroc?», «La naissance d'un cinéma amazigh» et «En quoi les films parlent-ils de nos racines?».