S'étant rendu dimanche à Tindouf dans le cadre d'une tournée dans plusieurs wilayas algériennes, le président Bouteflika aura bien choisi son moment. La date de cette visite coïncidant avec l'anniversaire du Manifeste de l'indépendance du Maroc. Abdelaziz Bouteflika a de plus en plus tendance à jouer avec le feu. En tournée dans plusieurs wilayas d'Algérie, le président avait pour ordre du jour d' «inspecter et inaugurer plusieurs projets de développement devant contribuer à la prise en charge des préoccupations de la population», comme se plaît à le rapporter l'agence de presse APS. Bien beau ! Mais seulement voilà, cette visite, à l'image de tous les faits et gestes de M. Bouteflika, ne pouvait se dérouler sans que des messages plutôt provocateurs à l'égard du Maroc ne soient envoyés. Aussi bien dans le choix des lieux que dans celui du moment. Le président algérien a choisi dimanche 11 janvier, jour de l'anniversaire du Manifeste de l'indépendance du Maroc, pour se rendre à Tindouf, cette wilaya où le Polisario a élu domicile. Et c'est la presse algérienne qui a tenu à rappeler que cette « coïncidence » n'en était pas une et que ce déplacement avait d'autres visées que celles relayées par l'APS . Pour le Quotidien d'Oran, l'allusion au Sahara n'est pas très loin. «En visitant Tindouf le jour de la célébration du 60ème anniversaire du Manifeste de l'indépendance du Maroc, le président Bouteflika envoie un message clair au roi Mohammed VI sur les velléités marocaines sur le Sahara occidental», explique l'organe de presse. Le quotidien ne manque pas de situer cette visite dans un contexte régional marqué par des relations maroco-algériennes très tendues, et dont les raisons sont, bien entendu, à imputer au Maroc qui n'a jamais cessé de défendre son intégrité territoriale. Evoquant le discours royal prononcé à Laâyoune il y a de cela deux ans, le journal algérien précise que «depuis, la normalisation algéro-marocaine portée par des discours policés a volé en éclats face aux contradictions et autres provocations marocaines». La dernière en date, et dont le Quotidien d'Oran s'est fait l'écho, est la démarche du Front de libération de l'Algérie marocaine (FLAM) qui projetait d'organiser une marche sur Tindouf pour la libération des prisonniers marocains détenus dans les geôles du Polisario. Des «provocations» qui vont toutes dans le sens de la préservation de l'intégrité territoriale et la libération des plus anciens prisonniers de guerre dans le monde. Mais ce que la presse algérienne semble passer sous silence sont les différentes déclarations de responsables marocains mettant l'accent sur la nécessité de trouver une solution au conflit au Sahara entre le Maroc et l'Algérie. SM le Roi Mohammed VI l'a confirmé lors du dernier sommet 5+5 qui s'est tenu le mois dernier en Tunisie. Le Souverain avait alors insisté sur le fait que toute activation de l'UMA ne peut se faire sans une issue de cette affaire. Si cette fois, le président Bouteflika s'est rendu à Tindouf dans le cadre d'une tournée interne; en 2001, il s'était rendu dans cette même wilaya, qui fait pourtant partie du territoire algérien, dans le cadre d'une «visite d'Etat à la République Arabe Sahraouie Démocratique». La tournée royale dans les provinces du sud, qui avait eu lieu peu avant, devait bien le démanger à l'époque.