Saïda se promenait dans un jardin, pas loin de chez elle lorsqu'elle fut surprise par un jeune homme qui n'a pas hésité à la violer sous la menace d'un couteau. Quand Saïda s'est présentée devant les magistrats de la chambre criminelle près la Cour d'appel de Casablanca, elle a gardé le mutisme. Elle ressemblait à une sourde-muette. Le président de la Cour la sollicitait de lui raconter son histoire, de lui dévoiler toute la vérité. Il semblait que Saïda souhaitait enterrer son histoire. Mais le président de la Cour a tenté de la convaincre à parler, surtout que son bourreau a nié les charges retenues contre lui. «Je ne l'ai jamais vue, M. le président…», a déclaré le mis en cause au début de l'audience. Jamal, ce jeune homme de trente-deux ans, célibataire et sans profession clamait haut et fort son innocence. Au contraire, le procès-verbal de son audition rédigé par la police judiciaire le met en cause. Le président de la Cour lui avait demandé au début de son interrogatoire si toutes les déclarations consignées dans le procès-verbal lui appartenaient. Sa réponse était négative. «N'est-ce pas toi qui as déclaré aux enquêteurs que tu es né à Boujaâd, que tu es l'aîné d'une fratrie de cinq frères et sœurs, que tu as quitté l'école à la huitième année de l'enseignement fondamentale, que tu as travaillé durant deux ans chez un soudeur, que tu avais commencé à l'âge de dix-huit ans à consommer de la drogue et à t'enivrer ?», lui a demandé le président de la cour. Jamal a répondu que c'était vrai. Le président lui a affirmé que les enquêteurs parviendraient à reproduire le scénario du viol qui lui coûterait quelques années derrière les murs de la prison. Jamal a gardé le silence. Il n'avait pas de réponse convaincante. C'est la raison pour laquelle, Saïda était obligée de témoigner contre lui pour permettre à la Cour d'avoir une image claire sur toute l'affaire. Elle a raconté à la Cour qu'elle est à son dix-huitième printemps, qu'elle a abandonné l'école dès le primaire, qu'elle est restée chez elle sans jamais chercher un travail, qu'elle sortait de temps en temps de chez elle soit pour rendre visite à une amie ou voisine du quartier, soit pour faire un tour au petit jardin, pas loin de chez elle. Le jour du viole, elle avait quitté la maison à 18h. En arrivant au jardin, elle s'est assise sur un siège. Tout à coup, un jeune homme est arrivé et s'est assis près d'elle. Sans lui adresser la parole, il a mis un couteau près de ses côtes et l'a obligée de l'accompagner derrière un arbre, loin des regards de quelques curieux. Craignant d'être poignardée, Saïda l'a accompagné sans dire mot. Derrière l'arbre, il l'a violée avant de prendre la fuite. Jamal a été arrêté le lendemain au même jardin. Un acte qui lui a coûté trois ans de prison ferme.