Les négociations concernant la situation du point de passage de Rafah, entre la bande de Gaza et l'Egypte, n'ont rien donné. Les déclarations fusent de toutes parts, se contredisant parfois, sans pour autant atteindre le but initial. Les équipes de négociations du Hamas et de l'Autorité palestinienne, respectivement dirigées par Mahmoud Zahhar et Mahmoud Abbas, se sont rendues au Caire pour tenter de s'accorder sur une gestion acceptable du point de passage de Rafah. Le Hamas exclut toute implication d'Israël dans ce sujet et veut renégocier le traité de 2005, signé par Mohammad Dahlan avec le gouvernement israélien, imposant la présence d'observateurs européens, qui ont quitté le territoire après la prise de pouvoir du Hamas à Gaza en juin 2007. Cet accord devait faciliter le déplacement des biens et des hommes à l'extérieur de la bande de Gaza. Mais sur le terrain, la situation économique s'est empirée. C'est ce qu'expliquait un rapport des Nations Unies, paru en novembre 2006, déclarant qu'«un an après la signature de l'Accord sur les déplacements et l'accès (AMA), le 15 novembre 2005, (…) il n'y a pas eu de développement économique, mais plutôt une détérioration de la situation humanitaire et une augmentation de la violence en général. L'augmentation de la fermeture des points de passage de Gaza a contribué à la dégradation de la situation économique au cours des 12 derniers mois. Dans la bande de Gaza, le taux de chômage est passé de 33,1% à 41,8% entre 2005 et 2006 et les niveaux déjà élevés de pauvreté ont augmenté de plus de deux pourcents». Malgré cet échec, Mahmoud Abbas refuse toute rencontre officielle et négociations avec le Hamas, imposant comme condition le retour de la bande de Gaza, dans son entier, sous le contrôle de l'Autorité palestinienne. Le Hamas s'y refuse. De son côté, l'Egypte reste sous pressions constantes. Par peur de voir la bande de Gaza devenir sa responsabilité, dédouanant ainsi les Israéliens, elle pousse à un accord d'union nationale palestinien, qui ne semble pas vouloir voir le jour. De plus, des incidents ont eu lieu non loin de la frontière israélienne où quatorze Palestiniens en armes ont été arrêtés par les forces de sécurité égyptiennes suspectés d'organiser une attaque contre le territoire hébreu. D'autre part, 5.000 Palestiniens, businessmen, étudiants et malades, sont restés à Al Arish, en Egypte, demandant au gouvernement égyptien la permission de voyager par l'aéroport du Caire. 2 000 d'entre eux ont déjà obtenu gain de cause. Les soldats égyptiens tentent, tant bien que mal, de fermer hermétiquement la frontière de Rafah, alors que les manifestations pour le maintien de l'ouverture du point de passage défilent dans la bande de Gaza. La délégation du Hamas est rentrée hier dimanche alors que Khaled Meshaal doit se rendre en Arabie Saoudite ce lundi, pour rencontrer le ministre des Affaires étrangères, le Prince Saud al-Faiçal, qui tentera de booster un accord inter palestinien, voire la mise en place de nouvelles élections, demandées depuis plusieurs mois par Mahmoud Abbas. Selon certaines sources, le Hamas serait prêt à accorder des élections si celles-ci impliquent des présidentielles en plus des législatives. Ce revirement de position pourrait s'expliquer par l'augmentation des soutiens politiques du Hamas auprès de la population palestinienne. C'est du moins ce qu'affirme le Dr Khalil Shikaki, président du Centre palestinien de recherche sur la politique et les sondages : «Je crois que le Hamas a réussi à rehausser un peu sa popularité à la suite des sanctions qu'Israël a mis en place. Malgré ce que le Hamas a fait dans la bande de Gaza, sa popularité ici s'est encore accrue. Ce que nous avons vu immédiatement après le mois de juin est désormais inversé. Je ne peux pas vous donner un pourcentage exact de ce que serait le résultat de tout nouveau scrutin aujourd'hui. Mais nous avons plus de chances de revenir au niveau d'avant juin, qui montre que si vous combinez la popularité du Hamas et un pourcentage de ceux qui se disent indécis, ils obtiendraient quand même plus de voix que le Fatah», explique-t-il. Un rapport de la Fondation internationale de solidarité pour les droits de l'Homme affirme que l'armée israélienne a tuée 96 palestiniens durant le mois de janvier 2008, 87 d'entre eux dans la bande de Gaza, dont 71 civils.