Georges Habache, fondateur historique du Front populaire de libération de la Palestine, est décédé en Jordanie d'une crise cardiaque. L'Autorité palestinienne a décrété trois jours de deuil. Les Palestiniens se sont rassemblés en masse ce dimanche soir pour l'ouverture officielle des trois jours de deuils nationaux en l'honneur de Georges Habache, surnommé «al Hakim», fondateur du Mouvement nationaliste arabe et du FPLP, en exil à Damas depuis 1957. De nombreuses manifestations spontanées se sont déroulées dans les territoires palestiniens, suite à l'annonce de la mort du leader politique, notamment à Béthlehem, Beit Jala et dans le camp de réfugiés de Deishah. Le Jihad islamique, depuis Gaza, a exprimé sa tristesse face à la mort d'un leader emblématique. A Ramallah, les rues ont été ornées de drapeaux rouges du FPLP accompagnés de fanions noirs. Dans la Moqataa, tous les représentants des groupes membres de l'OLP étaient présents ce dimanche soir. Tous alignés, durant deux heures, autour du président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, avec à sa droite Abderrahim Malouh, actuel leader du FPLP. Civils, policiers et militaires palestiniens se sont pressés à l'entrée du siège de l'Autorité pour serrer la main des dirigeants en guise de condoléances. Né en 1925 en Palestine sous mandat britannique, Georges Habache, issu d'une famille grecque orthodoxe, deviendra un réfugié suite à la création en 1948 de l'Etat d'Israël. Diplômé en médecine, il travaillera de nombreuses années dans les camps de réfugiés palestiniens en Jordanie où il sera recherché par les autorités pour activisme politique. Il s'enfuira donc à Damas en 1957, où il sera emprisonné. C'est en décembre 1967, en collaboration avec Abu Ali Mustafa, que Georges Habache fondera le Front Populaire de Libération de la Palestine, à tendance marxiste-léniniste, duquel il sera le secrétaire général jusqu'en 2000. Le FPLP, membre de l'OLP depuis 40 ans, est connu pour ses nombreuses actions coup de points, dont le détournement, le 23 juillet 1968, d'un avion de la compagnie israélienne El Al. Depuis cette date, l'organisation est considérée comme un groupe terroriste par les pays occidentaux mais aussi par de nombreux pays arabes qui luttent contre leur volonté de détruire les régimes monarchiques et impérialistes. Cette lutte sera notamment marquée par la violente répression par l'autorité jordanienne des activistes palestiniens en septembre 1970, communément appelé septembre noir. Le FPLP reste dans les territoires occupés un groupe fort et emblématique des révoltes palestiniennes, notamment à travers sa milice armée : les Brigades Abu Ali Mustafa, vivement réprimandée par l'armée israélienne. A l'âge de 82 ans, Georges Habache, figure symbolique de la lutte contre l'occupation israélienne, est donc décédé samedi soir à Amman en Jordanie, dix jours après avoir été hospitalisé pour des problèmes cardiaques. «Avec la mort du fondateur, le peuple palestinien et la nation arabe ont perdu une icône et un symbole de leur résistance, qui s'est fermement engagé durant sept décennies dans les révoltes contre l'ennemi des Palestiniens et du peuple arabe, et en confrontation avec les forces d'oppression, d'hégémonie et d'injustice», affirme le comité central du FPLP dans un communiqué. Le président Abbas devrait se rendre à Amman lundi pour participer aux funérailles de Georges Habache. La procession partira de l'hôpital, se rendra dans une église orthodoxe pour se terminer dans le cimetière de Sahab. Le président palestinien se rendra ensuite en Egypte, pour des discussions houleuses sur la situation de Gaza, puis finira son parcours en Syrie. La mort de Habache vient quelque peu dissimuler les oppositions entre le mouvement Fatah et le FPLP, notamment sur la question de la résistance armée. Mahmoud Abbas a vivement été critiqué par les leaders du Parti Populaire pour ses dernières déclarations fustigeant l'envoi de «roquettes futiles» de la bande de Gaza sur le territoire israélien. Le FPLP a condamné cette déclaration ayant été faite au nom de l'OLP et a interpellé Mahmoud Abbas, indiquant qu'en tant que membre de l'OLP, il n'avait pas été consulté sur cette prise de position. Le Mouvement populaire a d'ailleurs indiqué qu'il continuera «la marche et la révolte» sur les traces de Georges Habache, «et avec ses méthodes, (…) jusqu'à la libération totale du sol national palestinien».