Les constructeurs américains voient un ralentissement de la consommation, alors que les marques européennes et asiatiques ne semblent pas touchées pour autant. L'année 2008 commence à peine mais les constructeurs automobiles américains redoutent déjà une troisième année consécutive de baisse de ventes de voitures sur fond de possible récession économique. Réunis à Detroit pour l'un des plus gros salons automobiles du monde, les dirigeants de GM, Ford et Chrysler ont multiplié dimanche les mises en garde en la matière... contrairement à leurs concurrents européens présents aux Etats-Unis, toujours aussi confiants. «Il y a un ralentissement de la consommation dans son ensemble, c'est indéniable. Je ne voudrais pas faire de généralités, mais il y a des signes qui ne trompent pas : nous sommes sous pression», a déclaré Bob Nardelli, P-DG de Chrysler, à des journalistes. Chrysler, passé sous contrôle du fond d'investissement Cerberus en août dernier, a enregistré un recul de 3% de ses ventes en 2007, en ligne avec l'évolution du marché américain des voitures et utilitaires légers (4x4 et pick-up), qui représente encore une écrasante majorité dans ses revenus. Bob Nardelli a toutefois estimé que le fait de ne plus être coté en Bourse donnait plus de liberté de mouvement au constructeur, que ce soit pour prendre des décisions stratégiques en termes de production ou pour nouer des partenariats. Rick Wagoner, P-DG de General Motors (GM), a de son côté déclaré que la restructuration du numéro un américain pourrait prendre plus de temps que prévu si la conjoncture se détériorait. GM a accusé une perte de plus de 10 milliards de dollars sur la période 2005-2006 et a mis en oeuvre un plan de réduction de ses coûts prévoyant notamment la suppression de 34.000 emplois et la fermeture de 12 sites industriels en Amérique du Nord. «Il y a peu de chances pour que les choses s'aggravent encore. Mais, le cas échéant, cela freinerait nos efforts de réorganisation. Nous devons encore travailler sur notre base de coûts et sur nos revenus», a déclaré Wagoner. La crise immobilière et la cherté des prix du pétrole sont les deux principaux facteurs qui font redouter une récession aux Etats-Unis, qui conduirait inévitablement les consommateurs à reporter à des jours meilleurs des achats importants de type automobile. Après un recul de 2,5% l'an dernier, à 16,15 millions d'unités, bon nombre d'analystes et de dirigeants du secteur estiment que les ventes de voitures et de véhicules légers pourraient chuter à environ 15,5 millions cette année. Le cabinet d'études spécialisé CSM Worldwide estime que les ventes en rythme annualisé devrait descendre à ce niveau dès le mois de janvier pour tomber à 12,9 millions en mars avant de se stabiliser. Mark LaNeve, directeur des ventes de GM pour l'Amérique du Nord, a toutefois estimé que les deux premières semaines de janvier avaient été "assez bonnes" grâce notamment au succès de la Chevrolet Malibu et de la Cadillac CTS. Cependant Rick Wagoner, qui a assuré que le constructeur prévoyait toujours de lancer avant la fin 2010 la production de future voiture électrique Volt, a dit que le groupe aurait "très prochainement" une annonce à faire concernant d'éventuelles suppressions de postes supplémentaires au sein de sa main d'oeuvre syndiquée. Ford, qui a subi une perte nette de 12,6 milliards de dollars en 2006, continue de mettre en oeuvre son plan de restructuration mais ne prévoit toujours pas de retour aux bénéfices avant 2009, selon plusieurs dirigeants du deuxième constructeur américain. Pendant ce temps, les marques européennes et asiatiques, qui représentent désormais plus de la moitié des ventes aux Etats-Unis, restent résolument confiants, à l'image de BMW, qui a dit n'avoir constaté aucun signe de ralentissement outre-Atlantique. Rupert Stadler, directeur général d'Audi (groupe Volskwagen), a pour sa part dit anticiper une légère hausse des ventes de la marque aux Etats-Unis dans un marché qui, à ses yeux, devrait au mieux rester stable.