Loin de l'idée d'attribuer cette responsabilité de «statu quo» à quiconque, il serait plus juste d'en attribuer la faute à chacun d'entre nous. D'où vient donc cet étrange sentiment largement ressenti que nous vivons un moment de surplace ? Vrai ou faux, vrai et faux, toujours est-il que cette impression est prégnante et malheureusement démotivante. Plusieurs explications sont possibles : la première étant l'incroyable succession de jours fériés que connaît notre pays : Aïd Al-Adha, jour de l'An, 1er Moharram, 11 Janvier…se sont télescopés, entraînant une invraisemblable vacance. L'administration et l'école en particulier s'en sont retrouvées quasiment paralysées : qui est aujourd'hui capable de suivre une scolarité productive dans de telles conditions ? Pour ne rien arranger à cette curieuse impression, il faut reconnaître que cette avalanche de «congés» est venue après un mois de Ramadan qui succédait lui-même immédiatement aux vacances d'été. Cela ressemble à une blague et on peut en rire, mais toujours est-il que le résultat est là. Autre élément d'explication, ce sentiment bizarre de «transparence» que donne le gouvernement. Il ne s'agit pas ici d'un jugement de valeur : les ministres font vraisemblablement leur travail avec conscience mais la visibilité en est quasi inexistante ; il y a donc au moins un problème de communication, et de nos jours absence de communication signifie –même si on le déplore- absence d'efficacité. Etrange également cette impression que le mouvement associatif est lui aussi atteint de «sclérose», non pas que sur le terrain plus rien ne se passe, mais une sorte de routine semble s'être installée. Pas d'innovation, guère de bouillonnement d'idées mais une espèce de ronronnement d'actions devenues répétitives… Les éternels mêmes forums, colloques qui ne débouchent sur rien et qui deviennent des machines qui tournent «à vide». En un mot, ce sentiment d'être devenus tous blasés, y compris nos jeunes, ce qui est pour le moins paradoxal. Loin de l'idée d'attribuer cette responsabilité de «statu quo» à quiconque, il serait plus juste d'en attribuer la faute à chacun d'entre nous. Ne sommes-nous pas, chacun à notre place, responsables de cette sorte d'attentisme ? Et pourtant, le Maroc bouge et l'immobilisme peut n'être qu'une «vision» de l'esprit (ce qui porte tout de même à conséquence) ; le Souverain est l'exemple du mouvement : de ville en ville, de projets en projets, de signatures de conventions au lancement de chantiers, Sa Majesté le Roi «trace la route», qu'est-ce qui peut donc bien nous empêcher «d'embrayer» ? J'ai une explication qui vaut ce qu'elle vaut et qui bien sûr n'est que partielle, mais cela ne viendrait-il pas de notre propre état d'esprit ? Le scepticisme et la défiance rongent nos sangs, tout ce (et tous ceux) qui bouge(nt) est suspect, et la critique –voire le dénigrement gratuit- sont devenus des éléments structurants de notre pensée… bref, nous nous paralysons nous-mêmes et nous ne devons pour cela, ne nous en prendre justement qu'à nous. Comment «libérer» nos mentalités pour enfin aller de l'avant sans ces complexes qui nous freinent ? Il n'existe pas une réponse toute faite, mais une solution –à la base- l'éducation. Education à la confiance, à l'esprit d'initiative, au dépassement de soi !