Quelques jours avant l'arrivée du président Bush, l'armée israélienne a intensifié ses raids dans les territoires palestiniens, notamment à Gaza et dans la ville de Naplouse, au nord de la Cisjordanie. L'Autorité palestinienne dénonce un excès de violence anéantissant le processus de paix entamé à Annapolis. Depuis jeudi, 24 heures après la visite de la ville par Ehud Barak, ministre de la Défense israélien, une centaine de jeeps et tanks israéliens ont envahi Naplouse, dans le nord de la Cisjordanie. Une vingtaine de Palestiniens ont été arrêtés et plus de 45 blessés, par les tirs de l'armée. Un couvre-feu a été imposé dans toute la ville. L'armée a commencé par envahir la vieille ville, investissant les maisons une par une. Vendredi, le couvre-feu s'est élargi du centre à l'ensemble de la ville de Naplouse, comprenant les camps de réfugiés. Une partie du marché a été détruite par les bombes israéliennes et de nombreuses familles ont vu les soldats occuper leurs maisons, les enfermant dans une seule pièce, et ainsi s'en servir de base d'action. «Ils empêchent même les ambulances de se déplacer», s'exclame Youssef, 41 ans, habitant de Naplouse. «Nous n'avons plus confiance dans le processus de paix. On discute, on va à la conférence d'Annapolis mais les Israéliens continuent de nous attaquer, de nous tuer et de détruire nos villes. Barak est venu, il a vu que notre ville était mieux sécurisée que Tel-Aviv alors il a envoyé ses soldats pour tout détruire», s'exclame Youssef. «Je suis en colère contre notre gouvernement parce qu'il n'est pas assez fort. Fayyad s'excuse pour la mort de deux soldats à Hébron et les morts palestiniens alors ? Personne ne s'excuse pour eux». En réaction à cette invasion, la plus importante depuis la mise en place du service d'ordre dans la ville, Salam Fayyad, Premier ministre palestinien, aurait annulé son voyage au Caire, où il devait participer à la réunion des ministres arabes des Affaires étrangères. Il dénonce avec force le développement des violences israéliennes à l'encontre des habitants palestiniens des territoires : «Cette opération détruit nos efforts de sécurité, qui commençaient à porter leurs fruits dans le sens où même les gens sentaient le changement», déclare le ministre. Arye Mekel, porte-parole du ministère des Affaires étrangères israélien, a déclaré que l'essentiel était de protéger les civils israéliens : «Ce que nous faisons ici, c'est de nous battre contre le terrorisme et arrêter les membres des organisations terroristes. Ceci est inévitable dans la mesure où nous continuons d'être attaqués». L'armée israélienne a déclaré avoir saisi dans la vieille ville de Naplouse des ustensiles de fabrications de roquettes, mais pas de roquettes à proprement dites. Selon l'agence Maannews, les brigades des martyrs d'Al Aqsa, proches du Fatah, ont déclaré que ces roquettes devaient être utilisées contre des colonies israéliennes. Les brigades Al Qods, proches du Hamas, ont pour leur part clamé leur responsabilité dans l'explosion de plusieurs bombes à proximité des jeeps israéliennes. Les jeunes de toute la ville sortent pour lancer des pierres sur les soldats. «Nous sommes toujours sous couvre-feu, particulièrement dans la vieille ville. Leurs véhicules stationnent dans les rues, ils ont détruit des maisons, et ils tapent sur tout le monde. Il y a beaucoup de blessés», témoigne Ghassan Chakaa, membre du comité exécutif de l'OLP et ancien maire de Naplouse. «Dr Fayyad avait réussi à imposer la loi dans la ville de Naplouse et ils sont en train de tout détruire. Avant la visite de Bush, ils veulent mettre la pression sur le côté palestinien et du coup, ils espèrent des réactions. Et ils pourront ainsi déclarer «regarder ce que les terroristes sont en train de faire». C'est la seule explication que je peux trouver. Je pense que c'est une action politique contre les négociations, pour défaire les actions de Fayyad et d'Abou Mazen», déclare-t-il. Dans la bande de Gaza, les opérations militaires ont fait onze morts et plusieurs dizaines de blessés ce week-end. Cet excès de violence peu avant l'arrivée de Bush, en visite dans la région du 8 au 10 janvier, renforce les doutes qui tournent autour des négociations de paix et auxquels le président américain devra répondre.