Désormais, les médias français ont trouvé le bon filon pour doper leur vente, en cette fin d'année. Les vacances de Nicolas Sarkozy, de plus en plus luxueuses et coûteuses, suscitent des débats enflammés. C'est devenu maintenant une tradition bien française. Chaque fois que Nicolas Sarkozy s'envole pour un lieu de vacances, un inévitable débat sur le coût de ses virées luxueuses enflamme les journaux et l'opinion. C'est même devenu une marque de fabrique du nouveau président. Cela avait débuté avec son escale maltaise en compagnie de Cecilia sur le Paloma, un "http:// fr.news.yahoo. com/08052007/5/sarkozy-le-paloma-un-yacht-de-luxe.html" yacht de soixante mètres de long, propriété de l'homme d'affaires Vincent Bolloré. Cela s'était poursuivi par les vacances américaines dans une villa de Wolfeboro en présence du gratin du luxe, de la finance et de la mode, les époux Cromback (Tiffany) et Agostinelli (Prada), pour ne citer qu'eux…avec un coût des vacances qui s'élève à 44 000 euros. Cela se renforce maintenant avec des vacances «pharaoniques» au bord d'un Jet privé, un Falcon 900, propriété de l'ami Vincent Bolloré qui se révèle être, en plus d'un redoutable homme d'affaires, le financier officiel des vacances présidentielles. Nicolas Sarkozy avait déjà trouvé une parade à cette polémique naissante. L'angle d'attaque trouvé se voulait inspiré d'une jalouse protection de l'argent publique : «Je n'ai pas l'intention de m'excuser, je ne vois pas où il y a de la polémique. Cela n'a pas coûté un centime aux contribuables.» Mais cette explication s'est avérée courte et n'a pas réussi à faire taire les contestations. L'opposition s'est emparée de l'affaire comme un loup affamé d'un délicieux os à ronger. Ségolène Royal a sorti ses plus belles indignations : «Le comportement de Nicolas Sarkozy met en cause l'indépendance et la dignité de la fonction présidentielle (…) Il faut que Nicolas Sarkozy arrête de nous provoquer par son comportement ostentatoire et cesse d'être à la charge des milliardaires dont une partie des affaires dépend de l'Etat». L'ancien porte flingue de Ségolène Royal, le sémillant Arnaud Montebourg avait déjà, avec la délicatesse du bulldozer qui lui est coutumière, mis les pieds dans le plat : «Je regrette de devoir m'interroger sur les contreparties que M. Bolloré, homme d'affaires rusé, est en droit d'attendre de la République (…) Dès lors que le président de la République se met en situation de dépendre des faveurs des milliardaires, il y a forcément des contreparties et nous nous interrogeons: lesquelles ?». L'extrême gauche n'a pas raté ce festival. Alain Krivine, fondateur de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), enfonce le clou : «Je ne lui reproche pas d'aller où il veut avec qui il veut, mais le fric dépensé, et avec une telle publicité, c'est une vraie provocation, au moment où il demande aux gens de se serrer la ceinture». La presse a relayé ce débat avec un étonnante pertinence. Tandis que le quotidien régional «Le midi libre» estime qu'«Il y a dans ces vacances présidentielles très “nouveau riche“ un évident manque de décence», le très consensuel journal parisien du soir «Le Monde» se paie quelques flèches bien senties, d'une envahissante subversion: «La fascination du président pour les paillettes et la jet-set, la proximité revendiquée avec le monde de l'argent sont en rupture à la fois avec la tonalité d'une campagne électorale destinée à séduire l'électorat populaire et avec la tradition d'une famille politique dont M. Sarkozy est supposé être l'héritier» avant d'enfoncer le clou avec une rare perfidie : «il serait de nos jours inimaginable qu'un président américain parte en vacances dans l'avion d'un important businessman». Nicolas Sarkozy est attaqué aujourd'hui sur son rapport à l'argent et sur ses liaisons dangereuses avec les grandes fortunes du pays. Il a beau se défendre en estimant que, de par sa fonction de chef de l'Etat, il ne renvoie aucun ascenseur à ses bienfaiteurs, mais les doutes s'installent petit à petit pour savoir si sa réelle marge de manœuvre à concevoir des politiques industrielles, à penser l'architecture financière des grands groupes n'est pas influencée ou carrément ligotée par ses amicales fidélités. Sans évoquer les dégâts qu'un tel comportement peut avoir sur l'opinion qui n'a pas oublié que le candidat Sarkozy adoptait volontiers des postures d'ascète et promettait, pour réussir son plan de réforme, les ceintures les plus serrées. Le président flambant, à la démarche rutilante, «Bling Bling» (style ostentatoire avec bijoux excessifs des rappeurs) comme l'a appelé le journal «Libération» est en train de se muer et peut-être… de décevoir.