Lundi 24 décembre, des milliers de pèlerins chrétiens ont rejoint la Basilique de la Nativité de Bethléem pour célébrer les fêtes de Noël. La cérémonie a été marquée par un appel à la paix dans la région. Des milliers de pèlerins palestiniens et étrangers se sont rassemblés lundi 24 décembre pour participer aux festivités de Noël, organisées par l'Autorité palestinienne dans la ville sainte de Bethléem. De 13h à 2h du matin, la ville du sud de la Cisjordanie a été envahie par les touristes de toutes origines redonnant espoirs et sourire aux commerçants qui n'ont pas vu une telle affluence depuis le début de la seconde Intifada, en 2000. C'est dans la Basilique de la Nativité, lieu de naissance présumé de Jésus, que le président Mahmoud Abbas, ainsi que l'archevêque de Jérusalem, Monseigneur Michel Sabah, ont, tous deux, exprimé leur volonté de paix. Le président Abbas s'est adressé une première fois à la foule en fin d'après-midi, espérant que «la nouvelle année, si Dieu veut, sera l'année de la sécurité et de la stabilité économique.» La police palestinienne, qui, pour la première fois depuis plusieurs années, était en charge de la sécurité de la ville pour l'évènement, était particulièrement présente, notamment autour de la Basilique de la Nativité, bloquant une grande partie de l'accès routier, contrôlant les pèlerins, investissant les ruelles bondées et imposant un ordre certain. Toutes les factions des forces de police ont été mises à disposition, notamment les forces spéciales de sécurité présidentielles. Mahmoud Abbas a participé à la messe de minuit, durant laquelle il s'est de nouveau exprimé : «Nous prions pour que cette nouvelle année soit celle de l'indépendance pour le peuple palestinien», a-t-il ainsi déclaré. De son côté, Michael Sabah, qui célébrait son dernier Noël en tant qu'archevêque de Jérusalem, a critiqué l'occupation israélienne dans les territoires palestiniens et notamment ce qu'il a appelé les «prisons politiques». Les festivités ont été entachées cette année par un renforcement de la politique israélienne vis-à-vis des visas d'entrée accordés au clergé arabe et à certains pèlerins chrétiens. «Alors que le monde célèbre cette saison de fêtes, Israël bloque au Clergé l'accès à leurs églises et aux célébrations de Noël à Bethléem et ailleurs dans la Terre Sainte.», dénonce l'organisation palestinienne «Right to Enter» (droit d'entrer) qualifiant cette politique de «violation du droit international humanitaire, niant le droit pour les religions à pratiquer en Terre Sainte». Malgré leurs visas israéliens d'entrée multiples, les membres du clergé devront être désormais coordonnés avec des organismes israéliens «dans un processus qui peut prendre plus d'un an.», explique Right To Enter. La question des autorisations de passage, en cette période de fêtes, est particulièrement sensible et aléatoire. Paradoxalement, certains chrétiens palestiniens ont pu obtenir, des autorités israéliennes, une permission exceptionnelle pour se rendre à Jérusalem à partir de la Cisjordanie ou même de Gaza. «J'ai obtenu une autorisation d'un mois pour me rendre à Jérusalem pendant les périodes de fêtes.», déclare ainsi Émilie, jeune chrétienne de Ramallah, festoyant à Bethléem. «J'ai fait ma demande à l'église, en donnant la photocopie de ma carte d'identité et ma photo. L'église envoie mon dossier à Mrabe', le bureau qui s'occupe des demandes d'autorisations. D'habitude on n'avait droit qu'à un ou deux jours et les horaires étaient restreints. Mais cette année, c'est ouvert», s'étonne-t-elle. «Vendredi, je vais aller à Tel-Aviv avec ma famille. Ici, il n'y a rien à faire alors que là bas on peut s'amuser et voir la mer.» Tous les moyens sont bons pour passer un peu de bon temps durant cette période de fêtes où la réalité fait front avec une volonté d'évasion et de réjouissances.