Entretien avec un jeune journaliste-reporter, connu pour son activisme en matière de lutte contre le sida. ALM : Tout d'abord, les fleurs et le sida qu'est-ce que cela vous évoque ? Simo Belbachir : Cela me renvoie directement à mes débuts. Après la mort d'un ami, qui était atteint du sida, j'ai décidé de m'engager dans la lutte contre cette maladie. Au début, je me suis fait envoyer balader par la présidente d'une association célèbre de lutte contre le sida. C'est alors que j'ai décidé de travailler à partir de l'étranger. Après quoi, j'ai découvert qu'en Afrique du Sud, un orphelin du sida peut être pris en charge à seulement dix dollars par mois. J'ai donc préparé un projet, que j'ai baptisé «Une fleur à dix dollars pour sauver un enfant» et que la fondation Mandela a accepté. Nelson Mandela «himself» m'a d'ailleurs reçu à cet effet et c'est ainsi que tout a commencé. L'association est certes, spécialisée dans la communication préventive, mais n'avez-vous pas eu certaines difficultés à aborder la population ? Les difficultés sont partout et elles font partie de notre quotidien. Et lorsqu'il s'agit du sida, les choses deviennent encore plus délicates. Mais bon, quand il s'agit d'une campagne soutenue par une grande personnalité ou une star, tout devient un peu plus facile. Les gens se montrent plutôt réceptifs et le message passe forcément plus vite et efficacement. Comptez-vous élargir le champ d'activité de l'association et notamment au niveau de la région de Fès ? Absolument. La prochaine campagne, dont le démarrage est prévu pour 2008, verra la visite à Fès de notre ambassadrice Haïfa Wehbe et ce, pour l'ouverture officielle de notre bureau régional dans cette ville. Cela d'une part. D'autre part, je voudrais rendre hommage à Fès, qui est ma ville natale et que j'adore ! L'éducation à la sexualité, meilleur moyen de perception des risques selon les spécialistes, ne figure-t-elle pas dans votre programme de mobilisation et de prévention contre le sida ? Je ne crois pas que dans notre société, avec le poids de la religion, on puisse pratiquer l'éducation à la sexualité. Or, à l'étranger, cela s'apprend dans les écoles dès les plus bas âges. Chose qui n'existe pas encore ici. Du moins à ma connaissance. A l'instar de certaines associations internationales, avez-vous introduit dans votre programme des campagnes de mobilisation pour les droits sociaux comme la prise en charge médicale des séropositifs ? Je crois qu'il y a d'autres associations qui font déjà cela au Maroc. Pour notre part, nous voulons rester dans notre concept initial qui est de prévenir le VIH/SIDA avec le concours des stars et idoles des jeunes et moins jeunes. En plus, nous sommes les seuls à ne jamais solliciter un dirham des fonds ou organismes, nationaux ou internationaux ! Ruban Rouge, c'est de l'activisme bénévole ! Heureusement, pour la promotion des actions de Ruban rouge, nous avons toujours réussi à toucher des personnalités internationales comme l'ex-président français Jacques Chirac ou encore, le Prince Charles du Royaume-Uni. En recherchant votre nom sur Google, nous sommes tombés sur une lettre publiée par le magazine (Femmes du Maroc) et écrite par Hakima Himmich dans laquelle elle vous critique ouvertement. En avez-vous connaissance ? Oui, je suis au courant de cette histoire. Mais j'ai préféré garder le silence car j'estime que nous n'avons et n'aurons jamais la même vision des choses. Ceci dit, j'ai beaucoup de respect pour cette dame. Elle fait toujours figure de pionnière en matière de lutte contre le Sida au Maroc. Depuis sa création et jusqu'à aujourd'hui, peut-on affirmer que l'association a réalisé des progrès effectifs ? Indéniablement ! Et Dieu merci d'ailleurs. Notre dernière campagne avec Haifa Wehbe était couverte par tous les medias du monde arabe. On ne parlait que de sa visite pour au Maroc pour le compte du Ruban Rouge, y compris dans le Moyen-Orient, région où le sida reste un sujet bien plus tabou qu'ici.