Selon une enquête de l'ADFM, le port du voile au Maroc est uniquement un phénomène de mode, contrairement à ce que veulent faire croire les islamistes. Ce n'est pas uniquement une conviction, mais aussi une question de look. Tel est le constat de l'enquête réalisée par l'Association Démocratique des Femmes du Maroc (ADFM) avec le soutien du Fonds de développement des Nations unies pour la femme (UNIFEM). Intitulée « Jeunes et voile au Maroc », l'enquête, dont les résultats ont été présentés mercredi à Rabat, conclut à cette réalité : «Le voile passe rapidement, chez la grande majorité des jeunes, du registre sacré et du politique très présent des années quatre-vingt, au registre profane de la mode et des normes sociales». Autrement dit, le port du voile ne saurait être à l'acception religieuse et politique qui lui a été jusqu'ici attribuée. «Si la mouvance islamiste revendique pleinement le hijab et considère les jeunes voilés comme le résultat et le prolongement naturel de son projet, le mouvement démocratique et associatif reste influencé par certaines représentations du hijab qui sont largement dépassés par la réalité», précise l'enquête. L'enquête, motivée par le souci de connaître les différentes perceptions du hijab chez les jeunes des deux sexes et appartenant à différentes catégories sociales, tord ainsi le cou à un stéréotype comme quoi le port du hijab serait le moyen de revendiquer une appartenance ou une identité. Cette attitude est dictée essentiellement par le besoin d'épouser l'ère du temps, loin de tout prosélytisme ou désir d'ostentation des signes religieux. L'étude en question a d'ailleurs permis de montrer que les jeunes ont de grandes difficultés pour donner une définition claire du hijab. Il a été constaté que le port du voile est souvent un choix non réfléchi et que les garçons sont beaucoup plus exigeants que les filles concernant la sobriété du voile. Pour la majorité des jeunes filles, la mode est le principal critère de choix du type du hijab, de sa coupe et de ses couleurs. Par ailleurs, cette étude a dévoilé que le hijab chez l'adolescente est souvent négocié par la famille comme une condition préalable à la scolarité de la jeune fille au-delà du cycle primaire. Un choix vestimentaire qui s'explique pour les familles comme un moyen d'éviter les risques de mixité dans les lieux publics. Seulement voilà, la campagne menée par les islamistes en faveur du port du voile a donné au débat sur ce phénomène une tournure politicienne et démagogique souvent passionnée. Pour s'en rendre compte, il suffit de rappeler le tapage médiatique créé par les islamistes mettant à profit le référentiel religieux pour expliquer de prétendues interdictions de filles ou de femmes de porter le voile dans l'exercice de leurs professions. De simples affaires qui ont pour origine des difficultés d'intégration professionnelle ont été instrumentalisées, voire détournées de leur propre contexte, pour lancer des anathèmes contre les administrateurs, publics ou privés.