L'insécurité qui règne à la frontière entre l'Algérie et le Mali a nécessité le déplacement, hier à Alger, du président malien Amadou Touré. Un grand ballet sécuritaire s'organise entre Bamako et Alger, après la recrudescence des attaques terroristes à la frontière algéro-malienne. Hier, le président malien, Amadou Toumani Touré, s'est envolé à Alger pour avoir des entretiens avec son homologue algérien Abdelaziz Bouteflika. Mardi 20 novembre, un comité bilatéral frontalier algéro-malien s'est réuni à Alger. Ces échanges intenses interviennent au lendemain de la visite, à Tombouctou, dans le nord du Mali, du numéro deux du département d'Etat américain, John Negroponte. Décidément, l'échange entre les deux pays frontaliers, sous le regard attentif des Etats-Unis, s'est fait intensif et autrement nécessaire. Une nécessitée imposée par trois menaces, notamment le terrorisme, les affrontements fratricides entre les Touaregs des deux pays, et la recrudescence du phénomène de la contrebande. Un fait dangereux est venu ces derniers jours alimenter les craintes sur l'avenir de cette frontière-poudrière. Le 9 novembre dernier, l'aéroport militaire algérien de Djanet, situé à 1800 kilomètres au sud-est d'Alger, a été le théâtre d'une violente attaque terroriste. Cette attaque, qui a causé d'importants dégâts à un avion militaire algérien, a été récemment revendiqué par un groupe nommé « Mouvement pour l'autonomie du Sahara ». Il s'agit d'un nouveau groupe, qui vient grossir la liste de bien d'autres fort implantés dans le désert algérien. A contrario de l'ex-GSPC, devenu Organisation Al Qaïda au Maghreb islamique, ce nouveau groupe ne revendique pas «l'islamisation de l'Algérie», il a des revendications plutôt territoriales. Quant à cela, il faut ajouter les revendications communautaires des touaregs d'Algérie, la porosité de la frontière algéro-malienne, devenue passoire pour toutes sortes de trafics (les armes, notamment), il devient facile de saisir le pourquoi du déplacement, hier, du président malien du côté d'Alger, et les visites répétitives des responsables américains de la sécurité, du côté aussi bien de Bamako que d'Alger. Sur ce point, les positions des deux pays sur cette présence américaine sont assez divergentes. Les Etats-Unis sont présents dans le nord du Mali depuis 5 ans et se chargent de la formation de militaires maliens aux techniques de lutte contre le terrorisme, alors qu'ils sont déclarés «indésirables» en Algérie en dépit du fait que l'Algérie est le noyau dur de la branche maghrébine d'Al Qaïda. L'incapacité des autorités d'Alger à assurer le contrôle de son désert, à la faveur du terrorisme et du grand banditisme, vient nourrir encore plus les inquiétudes. Il y va de l'avenir de la sécurité dans l'une des régions les plus exposées en Afrique.