Cette année encore, le président Bouteflika réitère sa volonté de développer les liens de fraternité entre son pays et le Maroc. Pourtant… Chaque année, à l'occasion de la commémoration de l'anniversaire de l'Indépendance du Maroc, et depuis qu'il a été «désigné» à la tête de l'Etat algérien, le président Abdelaziz Bouteflika ne rate pas cette occasion pour envoyer un message de vœux à SM le Roi Mohammed VI. C'est devenu une sorte de rendez-vous annuel pour le chef de l'Etat voisin où il se permet de se libérer de ses inhibitions et de déclarer son amour pour le Maroc, ses sentiments de fraternité pour le Souverain et ses désirs les plus ardents de voir les liens entre les deux pays se renforcer. Et cette année encore, le président Bouteflika n'a pas dérogé à la règle. Un communiqué du palais d'El Mouradia (présidence de la république algérienne) indique que «le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, a félicité le Roi du Maroc Mohammed VI, à l'occasion de l'anniversaire de l'indépendance de son pays». L'information en elle-même aurait pu passer inaperçue s'il ne s'agissait pas de deux pays qui ont des relations très tendues à cause de l'hostilité manifestée par l'un d'entre eux à l'intégrité territoriale de l'autre. Le soutien algérien au séparatisme polisarien est tout simplement un acte d'hostilité envers le Royaume. Héberger un mouvement séparatiste, lui fournir un soutien militaire, une base arrière territoriale et une plate-forme d'action diplomatique est un ensemble d'actions qui, réunis, justifient la déclaration de guerre dans le droit international. Aucun Etat ne peut tolérer une attitude aussi inamicale de la part de son voisin. Mais, le Maroc, fidèle aux principes fondateurs de sa politique étrangère - qu'il s'est imposés d'ailleurs juste après l'Indépendance - a toujours privilégié le recours aux moyens pacifiques et au droit international face à ce genre d'attitudes. Le recours à la Cour internationale de La Haye et l'organisation de la Marche verte par la suite pour libérer les provinces du Sud de la colonisation espagnole en attestent. Mais, cela n'empêche pas le fait que le Royaume peut recourir à la force militaire pour défendre ses territoires face aux agresseurs. C'est ce qu'il a fait, brillamment, face aux mercenaires du Polisario durant plus de trois décennies. Dans son message de vœux, le président Bouteflika a tenu, comme d'habitude, à rendre hommage «à l'élan héroïque du peuple marocain qui a sacrifié sa vie pour un pays libre et souverain». Un «élan héroïque» qui inclut, évidemment, celui qui a permis la défense des territoires récupérés au Sahara marocain. Le chef de l'Etat algérien a aussi réaffirmé un engagement qu'il ne cesse de répéter mais qu'il ne tient jamais. «Il me plaît de réitérer à Votre Majesté ma ferme détermination à coopérer avec vous, à œuvrer à renforcer les liens de fraternité qui unissent nos deux peuples et à déployer tous les efforts pour réaliser leurs aspirations communes», a-t-il dit. Sachant que son mandat expire dans un an et que la Constitution algérienne ne lui permet pas de briguer un troisième, il devrait faire vite, s'il a l'intention, cette fois-ci, de tenir son engagement.