L'artiste Hazib Toufik, alias Bigg, a été nommé secrétaire général d'une nouvelle association qui ambitionne de défendre les intérêts des «travailleurs de la musique» : «l'Association des métiers de la musique». ALM : Quelle mission s'assigne l'Association des métiers de la musique ? Hazib Toufik : Au Maroc, une nouvelle génération d'artistes émerge. Ces artistes travaillent dur, font de bons produits et veulent faire de cela leur métier. Mais le problème, c'est qu'ils sont lésés et n'arrivent pas à accéder à leurs droits qui leur reviennent et n'ont pas un véritable statut d'artiste. Ainsi il s'agit pour l'association de parler au nom de ces artistes et de prévaloir leurs droits et les avantages sociaux qu'ils méritent. De quels problèmes s'agit-il exactement ? Maintenant, les stations Radio et les chaînes de télévision diffusent les chansons et les clips de ces artistes dits de la nouvelle scène –nouvelle pour eux- mais ceux là ne reçoivent rien en échange. Leurs droits d'auteur, ou ce qu'on appelle «les royales-diffs», sont versés au Bureau marocain des droits d'auteur (BMDA). L'aberration, c'est que ce dernier leur demande de ramener une pile de documents prouvant leurs passages à la radio et à la télévision, alors que c'est son travail de s'assurer des véritables bénéficiaires de ces droits. Plus que cela, le BMDA ne reconnaît même pas ces artistes en tant que tels bien qu'il reçoit leur argent. C'est 3 à 4 diffusions par jour pour un artiste tout au long de l'année. Et c'est une grosse part du marché. Comment se présente le cas pour Bigg ? J'ai un album qui est sur le marché, mes titres sont diffusés dans plusieurs supports. Tout le monde me connaît en tant qu'artiste. Mais sur mes papiers, il n'y a aucune mention de cela à part dans mes visas où je suis obligé de signer des contrats avec des boîtes étrangères. Et c'est le cas de la majorité des artistes de cette nouvelle scène. Le jour où j'arrêterais mes études, je n'aurais rien sur ma carte d'identité, à part un «bidoune» ou pourquoi pas «bidouza». Ainsi, sans les concerts et les autres activités que je fais, il n'y aurait aucun revenu, sans parler du fléau qu'est le piratage dans le marché de la musique. Et cela n'encourage en rien le secteur artistique. Ainsi ce que l'on vaut, on ne l'a pas encore. On a le respect et la reconnaissance, mais maintenant il nous faut les choses qui vont avec. Quels sont vos projets ? Je suis actuellement en cours de préparation d'un nouvel album dans lequel il y a des collaborations et des duos avec différents artistes et plein d'autres surprises. Il sortira en avril 2008. En attendant, on se prépare à l'Association des métiers de la musique à présenter un programme et une stratégie ainsi que les revendications des artistes lors d'une conférence de presse qui se tiendra le mercredi 21 novembre.