Taoufik Hazib, alias Bigg, revient au-devant de la scène avec son nouvel album « Byed ou khal». Il explique son évolution et sa perception de la nouvelle scène. ALM : Vous venez de sortir le single «Itoub» de votre prochain album. Taoufik Hazib : «Itoub» est un remerciement à tous ceux qui ont collaboré avec moi à mes débuts sciemment ou inconsciemment. C'est un hommage à ceux grâce à qui je suis arrivé là où je suis maintenant. C'est aussi un témoignage destiné aux personnes qui ont entravé mon parcours. Même si j'ai, quand même, été blessé au cours de ma carrière, je ne garde aucune rancune. Moi aussi je peux être blessé, sinon je ne serais pas un être humain. La courbe du succès ne peut pas rester indéfiniment stable. Il faut qu'il y ait des hauts et des bas pour que l'artiste se remette en question. Ce single fait partie de l'album «Byed ou khal» qui comprend une vingtaine de titres. Artistiquement, ce nouvel opus est à 90% terminé. Il ne reste que deux ou trois morceaux à ajouter. Je l'ai entièrement travaillé à ma manière en tant que démo. Je partirais ensuite en studio. Cet album est original par rapport à ce qui se fait au Maroc. Ceux qui s'attendent à ce que je fasse la même chose risquent d'être déçus. Je suis en train de m'ouvrir quitte à perdre une partie de mon public. Je vise à élargir mon univers artistique à travers une démarche plus innovante et non plus soft. D'ailleurs, l'effet de surprise est garanti lors de mon prochain concert au festival Mawâzine le 18 mai. Ce concert est important surtout que cela fait longtemps que je n'ai pas eu ce contact avec le public marocain. Le style de ce single est différent par rapport à ce que vous faisiez auparavant. Avez-vous donc changé ? Tout le monde change. Il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas. Cela ne sert à rien de se répéter. Je devais m'ouvrir sur d'autres champs. Peut-être que c'est dû à ma maturité. Au niveau des moyens, mon album précédent «Mgharba htal mout» était limité. Maintenant que j'ai plus de possibilités à ma disposition, je peux me permettre d'explorer de nouveaux horizons et entreprendre de nouvelles démarches musicales. Je préfère investir tout que j'ai dans mon art, au lieu d'économiser pour faire n'importe quoi. D'ailleurs, c'est pour cela qu'on qualifie mes cachets de faramineux. Je suis exigeant envers moi et aussi envers les autres. Mais si j'ai changé musicalement, je suis toujours le même au niveau de mes textes. Dans le sens où je ne cherche jamais à maquiller mon expression. Et puis, je n'ai jamais été «khasser» (vulgaire). C'est un cliché. Sur les 24 titres de mon ancien album «Magaharba htal mout», il n'y en a pas beaucoup comprenant des mots «vulgaires» et, que je qualifie, moi, d'éloquents. Et puis si j'utilise ces mots, même dans ce nouvel opus, c'est qu'il n'y en a pas d'autres pour dénommer ces questions taboues. Que pensez-vous de ce qui se fait actuellement dans la nouvelle scène ? Je trouve que la nouvelle scène marocaine, particulièrement le rap, commence à devenir conditionnée. C'est toujours le même style de rappeur et cela devient monotone. Ce n'est qu'à travers des albums bien travaillés qu'on pourra enlever les mauvaises herbes qui existent dans la scène marocaine. Et puis, moi, je ne me considère pas comme appartenant à cette nouvelle scène, qui n'est pas aussi nouvelle que cela et je le dis toujours. Je ne veux pas qu'on me mette dans une boîte. Je fais tout simplement partie de la musique marocaine.