La huitième visite au Proche-Orient de la secrétaire d'Etat américaine n'a pas donné, en apparence, de résultats spectaculaires. Mais, en coulisses, Américains, Israéliens et Palestiniens se seraient mis d'accord sur un scénario permettant de tenir, à la fin novembre, la Conférence de paix d'Annapolis en évitant le déclenchement d'une crise. A leur départ d'Israël, le 5 novembre 2007 au soir, les collaborateurs de Condoleezza Rice affichaient leur satisfaction. La Conférence de paix d'Annapolis se déroulera bien fin novembre comme prévu. Elle devrait se tenir au niveau des ministres des Affaires étrangères des différents pays participants (12 ont déjà accepté), exception faite d'Israël et de l'Autorité palestinienne, représentés d'une part par le Premier ministre israélien Ehoud Olmert, d'autre part par le président Mahmoud Abbas. Le principal obstacle à la tenue de la Conférence était la lenteur mise par les négociateurs israéliens et palestiniens à la rédaction de la Déclaration conjointe. Lors de son bref séjour à Ramallah et à Jérusalem, la secrétaire d'Etat américaine s'est rendu compte que les discussions n'avaient guère progressé et qu'elles risquaient fort de déboucher sur un échec. Les Israéliens redoutaient que la mention dans ce document des questions relatives à l'accord final – le tracé des frontières, le statut de Jérusalem ou la question des réfugiés – ne provoque le départ de leur coalition gouvernementale du Shass , une formation séfarade ultra-orthodoxe, et de Israël Beïtenou, le très droitier parti du ministre des Affaires stratégiques Avigdor Lieberman. Les Palestiniens, eux, estimaient qu'en acceptant, il y a quelques années de cela, la Feuille de Route, ils avaient déjà fait 90% des concessions nécessaires pour la signature d'un accord de paix et qu'ils ne voulaient pas céder sur les 10% restants avant même l'ouverture des négociations portant sur l'accord final. Selon le journal al Qods al Arabiya, un compromis aurait été trouvé. Le département d'Etat aurait déchargé les deux principaux négociateurs israélien et palestinien, la ministre des Affaires étrangères Tsippi Livni, et l'ancien Premier ministre de Yasser Arafat, Ahmed Qoreï, du soin de rédiger la fameuse Déclaration conjointe. Cette mission reviendra aux experts du département d'Etat, invités à plancher sur la préparation d'un texte consensuel dont Condoleezza Rice a révélé les grandes lignes à Ehoud Olmert et Mahmoud Abbas qui n'ont élevé aucune objection. Le texte, très court, mélangera différents articles de la Feuille de Route et plusieurs points figurant dans la résolution adoptée par le Sommet de la Ligue arabe lors de sa réunion à Ryad les 28 et 29 mars 2007. Attachée au succès de la conférence convoquée, le 16 juillet dernier par le président George Bush, Condoleezza Rice a effectué un virage à 180° degrés pour éviter un échec. Les participants prendront connaissance du texte élaboré par l'Administration américaine et solennellement ratifié, à cette occasion, par les Israéliens et les Palestiniens qui lui apporteront leur soutien. Les choses sérieuses ne commenceront qu'après la réunion d'Annapolis. Cela laisse un an pour traiter tous les dossiers et parvenir à un compromis, chaque succès étant marqué par un certain nombre de gestes faits par Israël en faveur des Palestiniens, notamment en ce qui concerne la libération de plusieurs centaines de détenus palestiniens, la levée des barrages routiers en Cisjordanie, le démantèlement de certaines implantations sauvages ou l'extension des pouvoirs de police de l'Autorité palestinienne aux grandes agglomérations de Cisjordanie. Le calendrier mis au point par Condoleezza Rice, Ehoud Olmert et Mahmoud Abbas explique que, le 3 novembre au soir, lors de la cérémonie à la mémoire de Yitzhak Rabin, Ehoud Barak, ministre de la Défense et chef du Parti travailliste ait, pour la première fois, souhaité que «la Conférence d'Annapolis réussisse».