L'instauration de l'état d'urgence samedi par le président Pervez Musharraf a été condamnée par la communauté internationale. Islamabad rejette les nombreuses condamnations en invoquant sa souveraineté. La situation ne cesse de s'envenimer au Pakistan depuis l'instauration de l'état d'urgence samedi par le président Pervez Musharraf. Face aux pressions internationales notamment de la part de Washington pour mettre fin à l'état d'urgence, Islamabad a rejeté les nombreuses condamnations émanant de la communauté internationale en invoquant la souveraineté nationale. «Nous comprenons que nombre de nos amis commentent la proclamation de l'état d'urgence, mais cela relève avant tout des affaires intérieures du Pakistan», a déclaré le porte–parole du ministère, Mohammad Sadiq avant d'ajouter « le président a déclaré que nos amis devaient faire preuve de compréhension face aux défis graves auxquels nous avons affaire face en matière de terrorisme et d'extrémisme». Les Etats-Unis n'ont pas manqué de hausser le ton, en menaçant de réexaminer leurs relations avec le Pakistan, allié stratégique dans leur « guerre contre le terrorisme ». Le président George W. Bush a appelé M. Musharaf à rétablir la démocratie le plus vite possible, à organiser les élections comme prévu et à se départir de ses fonctions militaires. «Nous souhaitons qu'il y ait des élections aussi vite que possible, et que le président quitte son uniforme militaire», a-t-il déclaré. M. Bush n'a cependant pas confirmé ce qu'il ferait au cas où Islamabad continuerait de maintenir l'état d'urgence et notamment s'il mettait fin à l'aide accordée au Pakistan. Notons que l'assistance américaine au Pakistan a atteint plus de 10 milliards de dollars depuis 2001, une aide financière destinée quasi exclusivement à l'armée. La situation au Pakistan avait pris lundi un tour dramatique avec la répression violente de manifestations d'avocats. L'opposition ainsi que de nombreux analystes et médias pakistanais considèrent que le général Musharraf , à la tête du Pakistan depuis un coup d'Etat, cherche à tout prix à conserver le pouvoir. La menace venait en particulier de la Cour suprême qui devait se prononcer durant ces derniers jours sur la validité de sa réélection triomphale du 6 octobre dernier, au suffrage indirect des assemblées nationales et provinciales qui lui étaient tout acquises. Après avoir fait arrêter ou placer en résidence surveillée près de 1500 personnes en trois jours, pour la majorité des avocats et des magistrats, Islamabad semble adoucir le ton. Le président Musharraf a ainsi promis des législatives à une date proche de l'échéance prévue initialement.