Le ministre de l'Intérieur, Abdul Razzaq Al Yahya, a tenté de rassurer les Palestiniens, mardi, face à une menace grandissante du Hamas en Cisjordanie. Nizar Ryian, un officiel du groupe islamiste, a affirmé lundi que le Hamas prendrait le pouvoir en Cisjordanie d'ici un an. De nouveaux rebondissements dans la guerre politique entre les officiels de l'Autorité palestinienne à Ramallah et les chefs du Hamas à Gaza. Lundi, Nizar Ryian, leader du Hamas, a assuré à la foule du camp de réfugiés de Jabalyia, dans la bande de Gaza, que d'ici un an le Hamas aura pris le pouvoir en Cisjordanie. «L'automne prochain, nous prierons à Ramallah», déclare ainsi Nizar Ryian. Cette assurance met d'autant plus la pression sur le président Abbas, qu'Israël semble tester la capacité de l'Autorité palestinienne à maintenir l'ordre dans ses rues. Le ministre de l'Intérieur, Abdul Razzaq Al Yahya, était en visite à Naplouse mercredi, où il a assuré qu'une prise de pouvoir du Hamas en Cisjordanie était impossible car «l'Autorité palestinienne est assez forte» pour contrecarrer une éventuelle volonté de coup d'Etat sur le quartier général du président Abbas. Le gouverneur de Naplouse a menacé le Hamas de sévères ripostes en cas de tentative de prise de pouvoir dans sa ville, qui reste l'un des foyers du groupe islamiste en Cisjordanie. Les services de police palestiniens assurent qu'aucune information ne vient affirmer l'organisation d'un éventuel coup d'Etat à Ramallah, mais les soupçons planent et les opérations de police à l'encontre des partisans du Hamas en Cisjordanie se multiplient. Lundi, le Hamas a affirmé que 12 de ses compatriotes ont été arrêtés à Naplouse, Jénine et Tulkarem. Depuis le mois de juin, le Hamas règne en maître sur la bande de Gaza, suite à une prise de pouvoir violente face aux forces de police de l'Autorité Palestinienne. En réaction, le président Abbas a opéré une scission politique totale avec le groupe islamiste et tente depuis de l'affaiblir financièrement et politiquement par de nombreuses arrestations, mais surtout par le boycott financier des institutions et des officiels du Hamas, d'une part en gelant les salaires de ces derniers et d'autre part en décrétant illégale toute transaction bancaire en direction du groupe islamiste. En effet, depuis dimanche dernier, les responsables de banques qui se rendent coupables d'affaires avec le Hamas sont passibles d'une amende de 150.000 dollars et de 3 à 15 ans de prison ferme. Le président Abbas cherche ainsi à rassurer Israël et les Etats-Unis sur les limites des transactions monétaires avec des groupes désignés comme terroristes par les pays occidentaux. Selon les déclarations officielles, cette action vise de plus à rassurer les investisseurs étrangers quant à l'utilisation de leur argent dans les territoires palestiniens. L'Autorité palestinienne met donc tout en œuvre pour mettre à mal le pouvoir du Hamas en Palestine, mais il semblerait que ce dernier est un partenaire inédit : Israël. C'est ce qu'a affirmé le chef de l'Intelligence palestinienne, Taoufiq Tirawi, dans une interview accordée à une chaîne de télévision israélienne mardi. M. Tirawi déclare qu'au vu de l'efficacité de la sécurité israélienne concernant le contrôle de la frontière palestinienne avec la Jordanie, il lui semble impossible que le Hamas puisse se fournir en arme autrement qu'avec l'aide d'Israël. «Israël aide le Hamas en leur permettant de voyager sur des territoires sous contrôle israélien», affirme-t-il. Quoi qu'il en soit, les bras de fer politique se poursuivent et la pression monte en vue des tentatives d'apaisement des relations israélo-palestiniennes, que certains protagonistes ne voudraient pas voir se conclure.