Les cimentiers sont différemment impactés par les effets de la conjoncture. Toujours est-il, les recommandations formulées par les analystes de BMCE Capital sont tissées sur la base des forces et des faiblesses de chaque entreprise, mais aussi des opportunités et menaces. Les trois sociétés cotées opérant dans le secteur du ciment ont fait l'objet, toutes trois, de diagnostics différents par les analystes de BMCE Capital. De fait, dans son guide des grandes valeurs du mois de septembre, la BMCE Capital recommande de «vendre» les Ciments du Maroc, d'« alléger» Holcim, et de «conserver» Lafarge. C'est pour dire que si le secteur du ciment, de fait qu'il accompagne un autre secteur en pleine expansion qui est celui de l'immobilier, ne bénéficie pas à périmètres égaux aux entreprises y opérant. S'agissant des Ciments du Maroc, les analystes soulignent ses faiblesses du fait qu'elle souffre des coûts énergétiques élevés, de la vétusté des principales installations industrielles, mais aussi qu'elle demeure loin des autres marchés stratégiques. Pour le moment, le groupe, étant en pleine phase d'expérimentation pour l'utilisation de laitier dans la production de ciment, et en attente de la mise en service de sa nouvelle unité, en 2008, située dans la région d'Agadir, continue d'importer «actuellement une partie de ses besoins en clinker de Suez Cementi, et s'approvisionne également auprès de Lafarge Ciments», souligne la même source. À l'horizon de cette entreprise, les opportunités pour cette entreprise seraient de fructifier la prochaine cimenterie d'Aït Baha de 2Mt, des «nombreux chantiers programmés dans ses marchés de proximité», sans oublier «la participation dormante de près de 35% de la maison mère dans Asment de Témara». Néanmoins, Ciments du Maroc se trouve menacée par les éventuelles importations en provenance des pays arabes suite aux ALE, à la concurrence acharnée sur le marché de Marrakech, et les forces de concurrence qui sont en train de s'instaurer (Holcim, Groupe Espagnol, Lubasa, Ynna Holding et Addoha). Holcim, à alléger quoique capitalisant sur son implantation à Settat et ses excédents de capacité à Oujda, reste sous le poids de cet excédent puisque le marché lui-même est qualifié de «morose» par les analystes. Ils prévoient, tout de même, qu'» après la mise en service globale en juillet 2007 de sa nouvelle cimenterie d'une capacité de 1,7 million de tonnes, Holcim devrait pouvoir accaparer une nouvelle position dans le secteur principalement en s'attaquant à deux nouveaux marchés via l'export, celui notamment de l'Italie», Par ailleurs, Lafarge Ciments semble être la plus en confiance des trois entreprises, puisque les analystes recommandent de la «conserver», la considérant forte de sa qualité de «leader avec une capacité de production annuelle de 5,8 MT et un positionnement stratégique au centre et au nord», ainsi que par sa politique de réduction des coûts énergétique par l'usage de l'énergie éolienne. Il n'en demeure pas moins que si ce cimentier reste en phase avec l'essor du BTP, qu'il ait relevé son seuil d'autoproduction d'électricité à 50 MW, et qu'il tire avantage de certaines exportations occasionnelles vers l'Espagne à partir du nouveau port de Tanger Med, il reste confronté à «d'éventuelles importations des pays arabes suite aux ALE, et aux nouvelles capacités concurrentes en cours d'installation (Holcim, Groupe espagnol Lubasa , Ynna Holding et Addoha)».