* Addoha et BMCE surprennent avec des réalisations loin des attentes des analystes * ONA et les cimentiers font mieux que prévu. Alors que le voile a été levé sur les réalisations des sociétés cotées au titre de l'année écoulée, les analyses se poursuivent. Finances News Hebdo a choisi d'étudier les performances des 10 plus fortes capitalisations boursières en rapportant leurs réalisations par rapport aux prévisions des analystes établies au lendemain de la publication des résultats semestriels. Pour des raisons d'exhaustivité, nous avons choisi de nous référer au trimestriel boursier de BMCE Capital Bourse, établi en octobre dernier, ainsi qu'aux prévisions faites par les analystes de CFG Groupe. Au niveau du chiffre d'affaires, et selon les estimations initiales de BKB, seules BCP, Attijariwafa bank et Lafarge Ciment parviennent à drainer des revenus supérieurs aux attentes des analystes. La banque du cheval a en effet drainé en 2009 un PNB supérieur de 13,75% par rapport aux prévisions des analystes. Une lecture détaillée des éléments du PNB de BCP nous permet de faire ressortir que l'écart avec les prévisions résulte de l'important élargissement du portefeuille crédits de la banque qui a permis de rehausser la marge d'intérêt de 49,7%, malgré la conjoncture difficile. Aussi, il semblerait que l'analyse prévisionnelle ne tenait pas compte des cessions opérées sur le portefeuille de placement de la banque et qui a boosté le résultat des activités de marché. De son côté, Attijariwafa bank réalise en effet, en 2009, un PNB supérieur de 8,40% aux attentes, témoignant de l'effort commercial dont a fait preuve la banque au niveau commercial, ainsi qu'au bond de 132% réalisé par la banque au niveau du résultat des activités de marché. Sachant que les analystes de BKB tenaient compte de la plus-values sur la cession de 15% du capital de Wafasalaf et de 24% du capital du Crédit du Maroc. L'écart entre les réalisations et les prévisions des analystes s'explique par l'importance du volume de change traité par la salle des marchés du groupe bancaire. Lafarge Ciments parvient, quant à elle, à générer en 2009 des revenus de 5,4 Mds de DH, soit 5,13% de plus que ce que prévoyaient les analystes. Ces derniers craignaient en effet l'impact du ralentissement de la demande de ciment au niveau national, cette dernière ne s'étant accrue que de 3,2% en 2009, alors que les ventes de Lafarge Ciments ont progressé de 4,2% comparativement à 2008. Dans leur commentaire sur les résultats publiés par le cimentier, les analystes de BKB expliquent que Lafarge a tiré profit de l'optimisation de son outil industriel et de sa stratégie de conquête de nouvelles opportunités de développement. Pour les autres sociétés du Top Ten des capitalisations boursières, Maroc Telecom, Ciments du Maroc et BMCE Bank ont affiché, au terme de l'année 2009, des revenus en quasi-égalité avec les prévisions de BKB, ces dernières ne pouvant logiquement pas être exactes à 100%. Cependant, les opérateurs immobiliers Addoha et CGI, et dans un moindre degré, les holdings royaux ONA et SNI, affichent des revenus inférieurs aux attentes. Le groupe d'Anas Sefroui se distingue particulièrement à ce stade, puisqu'il ne parvient à réaliser que 6 Mds de DH de chiffre d'affaires alors que l'on attendait 7,5 Mds de DH. Cela s'explique vraisemblablement par le décalage entre les estimations de dates de livraison de certaines unités immobilières et les dates de leur livraison réelles. Aussi, Addoha a habitué la communauté financière à des taux de progression du chiffre d'affaires très importante au second semestre de chaque année, chose que l'on ne retrouve pas en 2009. D'ailleurs, en marge de la présentation des résultats semestriels, le groupe a annoncé qu'il s'attendait à une forte progression de ses revenus lors de la seconde moitié de l'année à l'instar des exercices précédents. Or, celle-ci a été cantonnée à 24%, alors qu'elle atteignait des pourcentages beaucoup plus importants lors des années précédentes, notamment en 2008. En effet, sur les 6 Mds de DH de chiffre d'affaires inscrits dans le compte de résultat 2009 du promoteur immobilier, 2,67 Mds ont été réalisé au cours du premier semestre de l'année. Par ailleurs, la CGI présente des revenus de 2,27 Mds de DH, alors que les analystes de BKB en prévoyaient 2,44 Mds. Les estimations des ventes lancées au cours du premier semestre 2009 et leur impact sur les revenus du second semestre, semblent expliquer ce décalage dépassant 7% dans le chiffre d'affaires de la société. Aussi, il semblerait que les analystes de la place se basent, en partie, sur le business plan de la société pour prévoir les réalisations futures du groupe. Cependant, celui-ci présente un léger décalage nécessitant un réajustement de certains projets, comme celui de Chrifia, afin que le groupe immobilier, filiale de la CDG, honore ses engagements tenus lors de son IPO. Enfin, les holdings royaux que sont ONA et SNI semblent avoir pâti, particulièrement lors du second semestre 2009, du repli de la distribution automobile et des biens d'équipement en Afrique, ainsi que de la poursuite du déclin de l'immobilier de luxe pour clore l'année 2009 avec un chiffre d'affaires en léger recul par rapport aux attentes des analystes. Sur un autre registre, les résultats nets enregistrés par les sociétés faisant partie des dix plus fortes capitalisations boursières affichent des écarts par rapport aux prévisions des analystes plus consistants que pour leurs chiffres d'affaires, témoignant ainsi de la difficulté de prévoir à l'avance les bénéfices que dégagent les sociétés cotées. En effet, il est quasiment impossible de prévoir les éléments exceptionnels qui interviennent durant un exercice donné et qui impactent significativement les capacités bénéficiaires de la cote. Dans ce sens, on notera que sur les dix valeurs sujettes à notre étude, trois présentent des résultats bien en deçà des attentes des analystes. C'est notamment le cas de BMCE Bank, d'Addoha et de BCP. Le groupe bancaire d'Othman Benjelloune, a en effet affiché, au terme de l'exercice écoulé, une capacité bénéficiaire de 384,8 MDH, alors que les analystes de BMCE Capital Bourse s'attendaient à 876,10 MDH de bénéfices, et ceux de CFG prévoyaient 878 MDH. Ce qui laisse apparaître un écart dépassant les 120% entre les prévisions et les réalisations effectives. Et quand on cherche des explications à cela, on se rend compte que les analystes de la place ont été surpris par l'ampleur des effets de la crise sur les filiales étrangères du groupe et, surtout, par la qualité du portefeuille de clients nationaux de la banque que l'on croyait plus robustes. Or, au terme de l'année 2009, la banque a été contrainte d'observer des provisions de 1,13 Md de DH, soit 600 MDH de plus qu'en 2008 où les effets de la crise battaient leur plein sur l'économie nationale. De leur côté, les réalisations du groupe Addoha affichent un écart à la baisse de 93% par rapport aux prévisions de BKB, et 135% par rapport à celles de CFG. Hormis l'impact de l'importante différence entre le chiffre d'affaires prévu et celui réalisé, le groupe Addoha a surpris la communauté boursière par la perte concédée sur la cession de deux unités hôtelières de la station Saïdia. Concernant la BCP, les analystes s'attendaient à au moins 12% de résultat net de plus. Leurs prévisions ont, semble-t-il, été biaisées par l'importante hausse qu'ont connue les frais généraux de la banque et par l'aggravation plus soutenue du coût du risque. Aussi, les performances remarquables de la banque du cheval au titre du premier semestre avaient poussé les analystes, notamment ceux de BMCE Capital, à revoir en octobre dernier leurs prévisions de résultat à la hausse, chose qui s'est avérée inopportune. Enfin, les autres sociétés affichent, quant à elles, des capacités bénéficiaires supérieures aux attentes. C'est notamment le cas de l'ONA et de la SNI avec des écarts dépassant 30%. Et l'explication renvoie directement à la plus-value exceptionnelle réalisée sur la cession des parts de Wana, ainsi que celles d'autres cessions de participations non prévues lors de l'établissement des prévisions.