L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) accuse l'Etat hébreu de porter atteinte à ses objets. Le directeur de l'AIEA pense que «cela décrédibilise le système et n'apporte aucune solution». Israël s'est excusé auprès de la Turquie à la suite du raid aérien israélien mené en septembre dans le nord de la Syrie, qui lui a valu dimanche de sévères critiques de la part du directeur de l'AIEA. L'Etat juif n'a pas fourni de détails sur les objectifs de ce raid qui, selon certaines sources américaines, aurait visé des installations nucléaires présumées que Damas nie catégoriquement posséder. S'exprimant pour la première fois sur ce mystérieux raid aérien, le directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique, Mohamed ElBaradeï, a appelé Israël et le reste de la communauté internationale à partager les informations dont ils disposent. «Cela m'inquiète beaucoup car nous avons des procédures», a-t-il dit dans une interview à CNN. «Si des pays disposent d'informations selon lesquelles un pays a un programme lié au nucléaire, ils doivent venir nous en parler». Citant à l'appui des images prises par des satellites, un institut de recherche atomique de Washington a fait savoir qu'Israël semblait avoir bombardé dans le nord de la Syrie une installation ressemblant à un réacteur nord-coréen. Les Syriens ont rasé le site après le raid, a fait savoir l'Institut pour la science et la sécurité internationale. M.ElBaradeï a déclaré sur CNN que l'AIEA n'avait reçu aucune information sur des activités nucléaires clandestines en Syrie et il a souligné que l'organisation, basée à Vienne, était à la fois habilitée et apte à enquêter sur des informations de ce type. «Mais bombarder d'abord et puis ensuite seulement poser des questions, je crois que cela décrédibilise le système et cela n'apporte aucune solution quant aux soupçons qu'on peut avoir», a-t-il dit. Le chef de l'AIEA a rapporté que les Syriens lui avaient assuré que le site frappé par l'aviation israélienne était une installation militaire «n'ayant rien à voir avec le nucléaire». La découverte en territoire turc le jour du raid de réservoirs d'appoint que les appareils israéliens auraient largué pour hâter leur retour à la base après avoir frappé leurs objectifs avait suscité une demande d'explications de la part d'Ankara, jetant une ombre sur les relations entre Israël et son seul allié musulman de la région. «Si effectivement des avions israéliens ont pénétré dans l'espace aérien turc, il n'y avait pas intention de porter atteinte à la souveraineté turque, que nous respectons», a dit Olmert dimanche lors de la réunion de son gouvernement. De source autorisée, on précise qu'Erdogan a soulevé la question auprès d'Olmert lors de leur rencontre la semaine dernière à Londres et que le Premier ministre israélien a présenté ses excuses au gouvernement et au peuple turcs au nom d'Israël.