Voici venue la période que les parents redoutent le plus : la rentrée scolaire. Un gros budget et beaucoup de patience, dans les librairies il faut savoir attendre son tour et espérer trouver toutes les fournitures scolaires nécessaires. A quelques kilomètres de la ville d'Agadir et plus précisément à Inezgane se trouve le souk de la région. Dans le vacarme des marchands à la criée, de la circulation abondante, de la grande affluence des piétons, se dessinent les premières prémisses des préparations pour la rentrée scolaire. Cartables, tabliers et uniformes scolaires sont exposés aux façades des différentes boutiques, question d'attirer les parents et de profiter de cette saison. Entre fournitures scolaires et nouveaux vêtements pour la rentrée, les parents ont du fil à retordre. Chacun doit s'acquitter de sa tâche en fonction de sa bourse, surtout que le mois de Ramadan coïncide, cette année, avec la rentrée scolaire. Najia, la trentaine, mère de famille, est en train de feuilleter quelques livres et de regarder les prix collés sur la couverture. Munie d'un petit carnet, elle prend le temps de vérifier la liste des fournitures scolaires de ses deux enfants. «Je viens, aujourd'hui, juste pour connaître les prix et me faire une idée du budget que nécessiteront les fournitures scolaires de mes deux enfants. Ceci en attendant que mes enfants me donnent les listes définitives après la rentrée», explique-t-elle. Et d'ajouter, «l'été vient de s'achever et le mois de Ramadan est à quelques jours. Je dois bien gérer mes dépenses pour pouvoir dépasser ce cap difficile. L'école est, pour moi, une priorité qui passe avant tout», explique-t-elle. Si Najia a choisi d'aller faire un petit tour dans les librairies, pour inscrire les prix sur son petit carnet, d'autres ont opté pour d'autres stratégies. Au sein des quartiers populaires de la ville, l'échange des livres est un bon moyen d'économiser et de faire face aussi au manque de moyens. C'est ce qu'atteste Jamal. Accompagné de sa mère, il est en train de choisir un cartable pour la rentrée. Le souci de se procurer des livres semble, lui, résolu. Il a procédé à un échange avec l'un de ses camarades habitant son quartier de Jarf (à Inezgane). Il s'est même préparé pour cette rentrée depuis la fin de l'année. «J'ai donné mes livres à un de mes amis du quartier où j'habite et, en échange, sa sœur m'a légué les siens, puisqu'elle est mon aîné d'un an», déclare-t-il avec un brin de malice dans les yeux. Cependant, l'échange des livres entre amis et familles n'est pas le seul moyen prisé pour minimiser au maximum les grandes dépenses de la rentrée. Des vendeurs saisonniers qui s'installent quotidiennement, lors de cette période, au souk d'Inezgane ouvrent leurs petits garages pour y installer des tables garnies d'une pile de livres pour tous niveaux. Quelques-uns sont usés et d'autres encore en bon état. Un commerce fleurissant qui nécessite un bon sens des affaires. «Notre travail consiste à trouver en premier lieu des livres en bon état pour la rentrée scolaire. Après, nous faisons un tri pour préparer des rangés pour chaque niveau scolaire. Ainsi le client trouve tous les livres du programme rassemblés dans le même rayon», déclare ce vendeur. «Il nous arrive également de faire des échanges et dans ce cas-là, nous gagnons à la fois de nouveaux livres, mais également une somme d'argent que le client nous verse pour lui avoir offert cette opportunité», souligne-t-il. Quant au stockage des livres, dont dispose ce vendeur, le moyen est simple: les parents, dont les enfants ont réussi leur année scolaire, apportent les manuels qui ne leur servent plus à rien pour les vendre et profiter du gain. «J'ai trois enfants et ma bourse ne me permet pas de leurs acheter toutes les fournitures des librairies. C'est pourquoi, j'opte pour cette perspective. Je fais le tour des vendeurs pour voire les prix et la qualité des livres avant de me lancer dans les achats. Cette méthode me permet d'économiser un peu et à mes enfants de poursuivre leur scolarité malgré mes moyens très modestes », confie ce père de famille. Entre échange de manuels et achats de livres usés, la persévérance des parents animés par le désir d'offrir à leurs enfants une bonne scolarité, ne s'altère jamais.