Le président égyptien, Hosni Moubarak, accélère ses déplacements diplomatiques. Hier, mercredi, il a fait escale à Paris. A force de venir à Paris, le président égyptien est devenu une figure familière du perron de l'Elysée. Du temps de François Mitterrand et de Jacques Chirac, le raïs égyptien faisait presque partie des meubles diplomatiques parisiens. Ses allers et venues ne défrayaient même plus la chronique. La visite qu'il a entreprise, mercredi 1er août, à la capitale française fait partie de ces nombreux déplacements qui participent à entretenir cette relation particulière entre Paris et Le Caire. Les Français pourront toujours dire que Hosni Moubarak est venu s'enquérir du «projet d'Union méditerranéenne dans lequel l'Egypte est appelée à occuper une place centrale» pour reprendre l'expression passe -partout de l'Elysée. Les mauvaises langues arabes pourront toujours persifler que Hosni Moubarak est venu, entre autres, défendre auprès de Paris la candidature de son ministre de la Culture, le peintre abstrait, Farouk Hosni, au poste de directeur général de l'Unesco (Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture) vacant en 2009. D'autres pourront affirmer que le volontarisme de Nicolas Sarkozy dans la crise libanaise et son efficacité dans celle des infirmières bulgares suffisent largement à rendre attractif ce voyage éclair à Paris. Mais ce qui donne à ce déplacement une teinte particulière, c'est qu'il intervient au lendemain de deux événements diplomatiques majeurs qu'a connus l'Egypte ces derniers jours. Le premier est la visite du ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner au Caire, siège de la Ligue arabe, après sa rencontre à Beyrouth avec les différents partenaires de la crise libanaise. Bernard Kouchner avait laissé poindre son désespoir de parvenir rapidement à une pacification des esprits au pays du cèdre : «Je sais qu'il faut faire pression pour que l'environnement (du Liban), c'est-à-dire, soyons clairs, la Syrie et l'Iran, ne puisse exercer une influence qui conduirait vers la guerre (…) C'est difficile, le Liban, c'est compliqué. Avec les influences extérieures, ça devient l'un des problèmes les plus difficiles du monde». Le second événement est la rencontre à Charm el-Cheikh, de Condoleeza Rice avec les ministres des Affaires étrangères du Conseil de Coopération du Golfe (Arabie saoudite, Koweït, Qatar, Emirats Arabes Unis, Bahreïn, Oman), de Jordanie et d'Egypte, au cours de laquelle «les moyens d'aider à unifier l'Irak où tous les Irakiens pourront vivre en paix et en sécurité» ont été discutés. L'occasion égyptienne était propice pour renouveler l'actuel postulat américain: «Il n'y a aucun doute: l'Iran constitue le seul défi le plus important lancé aux intérêts américains dans la région et au projet de Proche-Orient que nous voulons». D'où le projet de fournir des armes pour 13 milliards de dollars à l'Egypte, 30 milliards à Israël et 20 milliards à l'Arabie saoudite, provoquant des réactions similaires de la part de Téhéran et de Damas. Les Iraniens estiment que «les efforts américains pour vendre des milliards de dollars d'armes et pour propager des scénarios montés de toutes pièces dans la région sont improductifs (…) l'objectif ( serait) d'empêcher que les fabricants d'armes américains ne fassent faillite».Tandis que les Syriens affirment que «celui qui veut faire la paix ne commence pas par une initiative d'armement dangereuse dans la région». Même si, depuis le chaos irakien, l'exigence démocratique américaine à l'encontre du régime égyptien s'est largement allégée, le président Hosni Moubarak continue d'être sous la pression de la stratégie américaine dans la région. Autant Washington œuvre nuit et jour pour convaincre les autorités saoudiennes de s'ouvrir sur Ehud Olmert, d'opérer le grand geste politique qui scellera la relation entre Riyad et Tel Aviv, ce qui pourrait avoir lieu lors de la rencontre internationale sur la paix au Proche-Orient avec participation saoudienne confirmée par le ministre des Affaires étrangères Saoud al-Faiçal , autant la diplomatie américaine commence à montrer des signes d'impatience face aux échecs répétés des Egyptiens à influencer et à raisonner le Hamas, voisin à Gaza. La presse israélienne, pour décourager ceux qui misent leur fortune sur le rêve saoudien, ne cesse de rappeler avec une pointe d'ironie que Hosni Moubarak, dont le pays a des relations diplomatiques avec Israël n'a jamais effectué une visite publique à l'Etat hébreu