Neuf suspects arrêtés à la frontière maroco-algérienne ont été auditionnés, lundi et mardi, par le juge d'instruction du tribunal antiterroriste de Salé. Les prévenus voulaient rejoindre le camp de l'organisation Al Qaïda au Maghreb islamique. Nouvel épisode dans la série des procès anti-terroristes. Neuf suspects originaires d'Oujda, Nador et Fès, arrêtés récemment à la frontière maroco-algérienne, ont été auditionnés, lundi et mardi, par le juge d'instruction de l'annexe à Salé de la Cour d'appel de Rabat. Les mis en cause, qui ont été interceptés à Oujda et M'Hamid El Ghizlane, s'apprêtaient à pénétrer illégalement en Algérie, dans le but de rejoindre les camps d'entraînement de l'organisation Al Qaïda au Maghreb islamique (ancien groupe salafiste pour la prédication et le combat, GSPC). Ils sont poursuivis par le parquet pour «constitution de bande criminelle pour préparer et commettre des actes terroristes dans le cadre d'un projet collectif visant à porter atteinte à l'ordre public», «activités au sein d'une association non reconnue», «réunions publiques sans autorisation» et «tentative d'immigration illégale». Leur arrestation est intervenue alors que les services de sécurité renforcent le contrôle à la frontière maroco-algérienne, après avoir obtenu des informations faisant état de la création d'une antenne marocaine au sein de l'organisation terroriste de Moussab Abdel Ouadoud, retranchée principalement dans les maquis de la Kabylie. Fin juillet 2007, la presse algérienne avait annoncé la mort à Tizi Ouzou, en Kabylie, de l'un des terroristes les plus recherchés par le Maroc, identifié par les autorités marocaines sur une vidéo d'Al Qaïda. Il s'agit de Mohamed Réda Belhachmi, qui avait réussi, aux côtés de Mohamed Aghbalou et Hicham Bilal, à quitter le territoire national pour aller rejoindre les camps d'entraînement d'Al Qaïda dans la région sahélienne. Sur la vidéo, mise sur le Net fin juin dernier, et reprise par la chaîne qatarie Al Jazeera, les dénommés Belhachem, Aghbalou et Bilal, tous originaires de Tanger, avaient «promis» de porter le combat d'Al Qaïda au sein du Royaume. Une menace qui a été pour beaucoup dans le relèvement du niveau d'alerte par le ministère de l'Intérieur, en prévision d'une éventuelle infiltration au Maroc des suspects en question en vue de perpétrer des attentats terroristes. Dans de récentes déclarations, les responsables du ministère de l'Intérieur avaient affirmé avoir pris connaissance de la volonté de plusieurs terroristes marocains, se trouvant en Algérie, de regagner le pays pour commettre des attentats terroristes. Au département de l'Intérieur, on indique que le groupe terroriste n'a pas pu passer les frontières, tant a été décisive la coopération entre le Maroc et l'Algérie en matière de lutte contre le terrorisme. Dans ce sens, le président algérien, Abdelaziz Bouteflika, a réaffirmé sa volonté de renforcer cette coopération avec le Maroc pour contrer toute menace terroriste. Dans une lettre adressée à SM le Roi, en réponse au message de condoléances que lui avait envoyé le Souverain suite à l'attentat terroriste qui a visé une caserne militaire à Lakhdaria, le chef d'Etat algérien a réitéré sa ferme détermination à conjuguer les efforts, à travailler de concert avec le Maroc et à tout mettre en œuvre pour éradiquer les racines de la discorde et extirper le terrorisme abject dans le grand Maghreb arabe. Dans cette lettre, le président Bouteflika a également fait part au Souverain de ses profonds remerciements pour les sentiments d'indignation, de solidarité et de soutien. Une solidarité appelée à se renforcer pour barrer la route devant les stratèges illuminés du fameux «grand soir».