Mahmoud Abbas a accepté le 27 juillet la démission du chef de la sécurité préventive, Mohammed Dahlan, accusé d'être à l'origine de la défaite du Fatah dans la bande de Gaza. Cette action va dans le sens d'un éventuel dialogue avec le Hamas qui a fait de Dahlan son ennemi juré. La démission du controversé Mohammed Dahlan est officiellement due à des problèmes de santé. Cependant, l'ancien chef de la sécurité préventive semble avoir été « poussé» vers la démission, en vue de sa responsabilité dans la perte de contrôle de la bande de Gaza au profit du Hamas, en juin dernier. De nombreuses rumeurs ont couru sur cet homme, qui porte en lui tous les soupçons. Le journal israélien Yedioth Ahronoth avait annoncé la saisie par le gouvernement palestinien d'urgence de 7 millions de dollars sur le compte personnel de Dahlan, provenant des USA et du prince saoudien Bandar Bin Sultan, dans le but de renforcer les forces de sécurité palestiniennes. Cette information a été démentie par le gouvernement Fayyad. La presse arabophone a de son côté annoncé l'acquisition par Dahlan de la nationalité jordanienne peu après la chute de Gaza, dans le but d'obtenir l'immunité concernant ses responsabilités face à la prise du pouvoir du Hamas. M. Dahlan a nié cette information, affirmant être « fier de sa nationalité palestinienne ». Cela dit, une accusation bien plus grave pèse sur les épaules de Mohammed Dahlan : son implication dans la mort de Yasser Arafat. Après avoir pris le pouvoir dans la bande de Gaza, le Hamas a diffusé des papiers dits « top secrets », trouvés, selon eux, dans les bureaux des services de sécurité palestiniens. L'un d'entre eux est une lettre envoyée par Mohammed Dahlan à l'ancien ministre israélien de la Défense, Shaul Mofaz en juillet 2003, indiquant que « Yasser Arafat compte ses derniers jours.» Mohammed Dahlan, connu pour ses contacts controversés avec Israël et les Etats-Unis, est à cette époque partisan d'une réforme au sein de l'Autorité palestinienne, à l'opposé d'Arafat. Dans cette lettre, l'ancien chef de la sécurité explique que sa « crainte est maintenant que Yasser Arafat rassemble le conseil juridique pour tirer l'appui du gouvernement. Nous tentons d'assujettir les membres du conseil législatif par la force » afin de les monter contre Arafat. Or, en avril 2003, malgré le désaccord d'Arafat, Mohammed Dahlan est choisi par Mahmoud Abbas, alors Premier ministre, comme ministre d'Etat pour la Sécurité. Mais en septembre 2003, Dahlan est évincé lorsque Abbas perd son bras de fer politique avec Arafat à la suite duquel il démissionne. Dès août 2004, Dahlan menace ouvertement Arafat de faire intervenir 30 000 hommes contre les services de sécurité du vieux Raïs à Gaza. Arafat parle alors de « complot ». « Dahlan met le feu à la situation parce qu'il cherche à obtenir un poste bien rémunéré. Quant à ses accusations de corruption, elles sont tout sauf pertinentes dans la mesure où il est l'un des premiers à être accusé de corruption », s'était indigné Imad Shaqour, alors conseillé du président. Yasser Arafat est mort d'une maladie inconnue le 11 novembre 2004. Le 24 février 2005, Mohammed Dahlan est élu ministre des Affaires civiles. Le Hamas a, depuis, dénigré cet homme pour son rapprochement avec Israël et les Etats-Unis, qui l'ont conduit à être particulièrement dure avec les factions islamistes palestiniennes. Dahlan est aujourd'hui l'homme à abattre pour peut-être voir le retour d'un dialogue entre le Hamas et le Fatah.