Le député Mohammed Dahlane, homme fort du Fatah, a prononcé à Gaza un discours au vitriol où il a menacé de riposter violemment à toute attaque du Hamas. Lors d'une manifestation de milliers de partisans du Fatah, à l'occasion de son anniversaire, dimanche, l'homme fort du parti dans la bande de Gaza, Mohammed Dahlane a menacé de riposter violemment à toute attaque visant des membres du Fatah. A ce rassemblement, étaient présents des hommes armés qui scandaient: « la mort pour les meurtriers ! ». M. Dahlane, bête noire du Hamas, a également lancé un message d'union du parti au pouvoir, le Fatah. «Notre message aujourd'hui (dimanche) est l'union et la force, derrière la direction du Fatah, d'Abou Mazen (Mahmoud Abbas) et de ses forces armées pour dire que le sang de Mohammed Ghraib marque un tournant dans nos relations avec le Hamas», a lancé Mohammed Dahlane. Mohammed Ghraib a été tué, jeudi, par des partisans du Hamas qui avaient assiégé sa maison à Jabaliya (nord de la bande de Gaza). Il était colonel de la Sécurité préventive, un organe de sécurité fidèle au président palestinien Mahmoud Abbas. M. Dahlane a, en outre, annoncé un nouveau programme dans cette lutte fratricide pour le pouvoir. «S'ils pensent que ce meurtre restera sans réponse, ils se trompent. Nous quitterons ce lieu (...) avec un nouveau programme : si quelqu'un du Fatah est attaqué, nous riposterons deux fois plus fort», a-t-il ajouté. Sur la même lancée, le secrétaire général de la présidence Tayyeb Abdelrahim a déclaré: «Nous ne laisserons pas couler le sang des Palestiniens du Fatah». Selon les observateurs, le discours de M. Dahlane aiguise les rivalités entre son mouvement et le Hamas puisqu'au lendemain de la déclaration du président palestinien de qualifier la Force exécutive du Hamas d'« illégale » et de «hors-la-loi», si elle ne s'intégrait pas dans l'appareil sécuritaire déjà en place. Cette force est un groupe paramilitaire relevant du gouvernement formé par le Hamas. Le président palestinien a également mis sous pression ce dernier en se déclarant déterminé à organiser des élections générales anticipées. «Je ne reviendrai pas sur la tenue d'élections législatives et présidentielles anticipées», a-t-il déclaré lors d'une réunion à huis clos du Fatah, dimanche, à Bethléem, selon des propos rapportés par un témoin. La réponse du Hamas ne s'est pas fait attendre. À propos de sa Force exécutive, le mouvement islamiste a riposté en annonçant le doublement de ses effectifs en les faisant passer de 5.500 à 12.000 hommes. Il a également tenu à répliquer, hier lundi, aux déclarations incendiaires de M. Dahlane. Le mouvement islamiste au pouvoir a accusé ce dernier de conduire «un courant putschiste» agissant pour faire chuter le gouvernement «sur ordre de sa patronne Condoleezza Rice», la secrétaire d'Etat américaine. «Nous faisons porter à Dahlane personnellement et à son courant putschiste la responsabilité pour chaque goutte de sang palestinien qui a coulé», écrit-il dans un communiqué. «Nous mettons fermement en garde contre toute atteinte aux chefs du Hamas ou aux membres de sa branche armée ou à la force exécutive. Celui qui jouera avec le feu sera brûlé», a encore averti le mouvement islamiste. Mohammed Dahlane est un ancien ministre et ex-chef de la Sécurité préventive à Gaza. Il est la bête noire du Hamas qui l'a accusé en décembre d'avoir commandité un attentat contre le Premier ministre Ismaïl Haniyeh dont le convoi a essuyé des tirs au terminal de Rafah, à la frontière avec l'Egypte. Suite à ces échanges de déclarations acerbes entre les deux partis rivaux, la violence dans les territoires palestiniens a repris de plus belle. À Ramallah, des magasins ont été endommagés par des tirs lors d'incidents entre le Fatah et le Hamas, et des inconnus ont tenté d'enlever Omar Hamayel, maire de la ville d'Al-Bireh et membre du Hamas.