Mustapha Chaairi alias «Tahouna» écope d'une peine de 15 ans de prison. Il doit verser 151 millions DH à la Douane et tous ses biens acquis depuis 1986 seront confisqués. Fin de parcours pour le baron de la drogue Mustapha Chaairi, alias «Tahouna». La chambre criminelle près la Cour d'appel de Tanger vient de le condamner, mardi 24 juillet, à 15 ans de prison ferme pour détention et trafic de drogue à l'échelle internationale. Dans la même affaire, une autre personne, Abdellah Charef, alias «Belhaj», a été condamné à 8 ans de prison ferme pour le même chef d'inculpation. Les deux mis en cause ont été condamnés conjointement à une amende de 200.000 DH. Ils doivent également, selon les termes de jugement, verser la somme de 151 millions DH au profit de l'administration de la Douane. La Cour a, en outre, ordonné la saisie des biens des deux compères dont la propriété a été acquise, respectivement, depuis 1997 et 1986. Selon des sources de la capitale du détroit, trois autres personnes, des gendarmes de leur état, cités par Tahouna lors de l'instruction de son procès ont également été entendus par le tribunal. Les trois gendarmes ont nié toute relation avec le trafiquant. Pour rappel, les deux condamnés avaient été arrêtés en février dernier. Recherché effectivement depuis 2004 lors de l'instruction de «l'affaire Mounir Erramach», Tahouna était en cavale depuis cette date et se déplaçait discrètement entre les deux rives du détroit. Il a réussi à se faire oublier, momentanément, et ses sorties voyantes se sont multipliées dans la région de Ksar Sghir, son fief. Et ce, jusqu'à l'éclatement de l'affaire «Bin El Ouidane». Depuis cette date et durant les six mois qui ont précédé son arrestation, son nom revenait de plus en plus en force. « Le moulin » qui a démarré sa vie active dans la pêche, dans la région de Ksar Sghir, avant de tâter à la très lucrative et non moins dangereuse activité de transport de drogue vers la rive nord du détroit. Sa première opération remonte, selon des sources à Tanger, à 1997, date à laquelle il a convoyé deux cargaisons de chira entre les montagnes de Belyounech et les côtes sud de l'Andalousie. Les opérations se sont suivies et la renommée de Mustapha Chaairi, connu encore sous le nom de l' «acheteur», montait en flèche, au point de côtoyer les grands barons de l'époque, aujourd'hui derrière les barreaux. Mais l'ascension de Tahouna n'a pas été aussi rapide que celle de ces derniers. Ses «faits d'armes» ont plutôt été épisodiques pendant la période 1997 et 2002. Il a entamé l'année 2003 par deux opérations au compte d'un trafiquant qui opère entre le Maroc et la Hollande. Depuis, et entre 2003 et 2007 à la date de son arrestation, il a réalisé une dizaine d'opérations dont les quantités de drogue convoyée variaient entre 1,2 tonnes et 3 tonnes. Chaairi, natif de Dalia, un village qui surplombe l'actuel port de Tanger-Med, en 1975 a vu son nom cité pour la première fois dans l'affaire d'Erramach en 2003. Plusieurs années après, il réussit à s'échapper le jour même de l'arrestation de Mohamed El Kharraz, alias «Chérif Bin El Ouidane», à bord d'une moto aquatique. Il s'est dirigé d'abord vers l'îlot de Laila avant de contacter des membres de son réseau à Tarifa qui ont pu le faire entrer dans la petite ville portuaire. Selon certaines sources, Tahouna utilisait fréquemment l'îlot de Laila comme refuge. Considéré comme l'un des grands barons de drogue de la région, Tahouna a été condamné une première fois, par contumace, à une peine de 7 ans de prison ferme dans le cadre du procès d'Erramach. Tahouna a fait l'objet pour la première fois d'un avis de recherche international en 2002. Il figurait sur une liste de 30 trafiquants recherchés à l'échelle internationale. Son compère, Abdellah Charef alias «Belhaj», est lui aussi connu dans le domaine puisqu'il était l'un des fournisseurs attitrés de Tahouna pendant toute cette période. Belhaj, originaire de la région de Chaouen, a en effet reconnu, affirment nos sources, s'adonner à la culture et au trafic du cannabis depuis 1982 avec les membres de sa famille. En 2001, après la fuite de son frère, impliqué dans une affaire de trafic de drogue, vers l'Europe, Belhaj repris «l'affaire familiale» et a fourni en «marchandise» plusieurs parmi les barons de drogue actifs dans la région de Tanger-Tétouan. L'arrestation des deux individus, en février dernier, a été spectaculaire. Une fois repérés, les forces de l'ordre ont encerclé l'appartement dans lequel ils se terraient, à la rue Oujda, près de la corniche de Tanger. Chaairi a d'abord tenté de fuir, mais il a fini par se rendre.