L'OCP externalise sa caisse de retraite. Un accord a été signé avec la CDG portant sur un montant de 33 milliards DH. L'Office ouvre aussi, pour la première fois, son capital à des prises de participations publiques. C'est désormais chose faite. Après plus de neuf mois de tractations, l'Office chérifien des phosphates a procédé à l'externalisation de sa caisse de retraite. «C'était la seule solution pour sortir de la crise», précise El Houssaine Kafouni, membre du Conseil national du syndicat national des phosphatiers. L'OCP compte, actuellement, près de 30.000 retraités, contre seulement 18.000 agents actifs. La caisse interne ne pouvait plus tenir, selon M. Kafouni qui estime son déficit actuel à plus de 32 milliards DH. «Depuis longtemps, les pensions de retraites sont prélevées sur les fonds propres de l'Office», souligne-t-il. Ce n'est que dernièrement que les nouvelles recrues ont directement été affiliées au Régime collectif d'allocation de retraite (RCAR). Ce qui pose un problème de dualité de régimes de retraites au sein d'une même entité. «Les anciens salariés de l'office partis en retraite peuvent prétendre à une pension représentant jusqu'à 115% de leur salaire de base, contrairement aux nouvelles recrues», explique M. Kafouni. Pour remédier à cette situation, l'Office s'est donc décidé d'externaliser complètement sa caisse de retraite et a fait appel à la Caisse de dépôt et de gestion (CDG) pour combler le déficit. Une convention a été signée en ce sens, jeudi 19 juillet, lors d'une cérémonie présidée à Rabat par le Premier ministre. Il s'agit d'un protocole d'accord tripartite entre l'Etat, l'OCP et la CDG. Ce protocole vise, précise-t-on, à «donner à l'OCP les moyens de mise en œuvre d'une stratégie ambitieuse et clairement définie pour répondre aux défis de la compétitivité, consolider son rang de leader mondial et consacrer une politique volontariste dans le secteur des phosphates». Concrètement, le protocole définit le schéma de financement pour l'externalisation de la caisse interne de retraite de l'OCP vers le RCAR pour un montant de l'ordre de 33 milliards DH. Et ce, sans recours au budget ou à la garantie de l'Etat. Ce schéma s'appuie, en effet, sur un investissement «substantiel» du groupe CDG. Et l'opération devrait se concrétiser au début de l'année 2008. L'accord, qui permettra, souligne-t-on, de renforcer les capacités financières de l'Office, donne, aussi, pour la première fois, à travers la CDG, l'opportunité à des investisseurs publics marocains de procéder à des prises de participations financières dans le groupe OCP. Par ailleurs, et en vertu de ce même accord, l'Etat contribue au renforcement des capacités d'autofinancement de l'Office. Cela notamment par la suppression de la redevance d'exploitation des phosphates exportées. L'Etat marque ainsi sa « volonté de jouer pleinement son rôle d'actionnaire dans un cadre de gouvernance rénové ». La prise de participations dans le groupe OCP par la CDG devrait permettre à l'Office de conquérir de nouvelles parts de marché à l'international. Cela d'autant plus que la conjoncture actuelle s'y prête particulièrement.