Le pays a, aujourd'hui, un sérieux problème avec ses tabous. Nous avons, sans crier garde, changé en la matière et notre logiciel et notre grammaire. Aujourd'hui, quoi qu'on écrive, le tabou n'est pas la monarchie … Combien faudra-t-il d'attentats pour que certains cessent de cultiver la théorie de la conspiration? Combien de commandos de la mort faudra-t-il neutraliser avant que d'aucuns daignent reconnaître la réalité de la menace ? Quand saurons-nous, à l'instar de ce qui se passe dans tous les pays du monde, nous dresser, Etat et Peuple, contre cette hydre qui renaît de ses blessures ? Que doit faire l'Etat quand la menace plane sur le pays ? Parler ou se taire ? Communiquer ou dissimuler ? Casse-tête non pas chinois mais bien marocain lorsqu'on entend miauler certains commentateurs et articles au lendemain de l'état d'alerte. La suspicion. Toujours la suspicion. Enfin quoi ? Peut-on imaginer un pays, dont l'économie repose en partie sur le tourisme et sur ses émigrés qui, comme ça, en pleine période estivale, voit ses responsables, pris d'un coup de sang ou de fièvre, s'amuser à créer un vent de panique. On pourrait au moins relativiser en se disant qu'il n'y a pas de fumée sans feu. Que vaut mieux prévenir que guérir. Qu'un peuple averti en vaut deux. Que nenni ! Certaines plumes obliques évoqueront toujours une part d'ombre douteuse. Pour eux, l'Etat est toujours suspect. C'est un raisonnement. Une posture paranoïde enveloppée dans de l'esprit critique en papier kraft. Le pays a, aujourd'hui, un sérieux problème avec ses tabous. Nous avons, sans crier garde, changé en la matière et notre logiciel et notre grammaire. Aujourd'hui, quoi qu'on écrive, le tabou n'est pas la monarchie puisque chaque semaine que Dieu fait, elle figure sur toutes les Une de tous les magazines. Et pas pour dire que du bien. Ce n'est pas le sexe, puisque malgré toutes les pudibonderies, le sexe fait vendre et les affaires de cul font du tirage. Ce n'est encore la religion que parce que les barbus font peur et que leurs relais sont puissants et organisés. Ces trois tabous sont presque démonétisés. Non, les nouveaux tabous, agités par de nouveaux maîtres censeurs, c'est qu'il est interdit de dire du bien de l'Etat. Il est tabou de soutenir l'appareil de sécurité dans son combat le plus rude qu'est le terrorisme. Tabou de dire que certaines organisations sont des hizbicules, sans enracinement populaire. Tabou de dire que les chômeurs diplômés sont des bras cassés. Tabou de dire que ce pays avance malgré ses handicaps. Tabou d'aimer ce pays…. Revenons au terrorisme et donnons une info qui n'est pas une rumeur. Avant-hier, un camion frigorifique chargé d'explosifs, conduit par un kamikaze âgé d'une vingtaine d'années, a été lancé à toute vitesse contre une caserne de l'armée à Lakhdaria, à 100 km au sud-est d'Alger. Le véhicule piégé a fait 10 morts parmi les militaires et 20 blessés graves... . C'est donc que les renseignements sur lesquels s'appuyait l'attitude marocaine étaient fondés. Nos responsables ont donc eu raison dans leur célérité préventive. C'est bien. C'est simple à dire. Si le laxisme face au terrorisme est une erreur. Le laxisme intellectuel est une faute. Grave.