L'AMDH lance une série de manifestations pour appeler à l'annulation des procès contre des individus ayant porté atteinte aux institutions et valeurs nationales. Une renvendication qui contredit les principes de l'Etat de droit. L'Association marocaine des droits de l'Homme (AMDH) appelle à une grande participation des militants pour la réussite de «la Journée nationale de solidarité avec les détenus du premier mai 2007» dans plusieurs villes du Royaume. Dans un communiqué, cette association livre le programme détaillé des activités qu'elle compte organiser à l'occasion de ladite journée. Au menu, un sit-in devant le Parlement, plusieurs actes similaires dans plusieurs villes, une grève de la faim de 24 heures, d'autres grèves de la faim régionalisées et envoi de lettres de protestation au Premier ministre et à plusieurs autres institutions. Un programme riche et diversifié où il y a une déclinaison dans l'espace et dans le temps qui est bien ficelée. En plus, on y retrouve même une régionalisation très avancée puisque toutes les activités sont organisées à la fois dans la capitale et dans les chefs-lieux des différentes régions. Ainsi, on a un sit-in national et des sous sit-in régionaux, des grèves de la faim au niveau national et des mini-grèves à l'échelle locale. L'association a aussi prévu d'envoyer des lettres au chef du gouvernement, et elle appelle ses militants dans les régions à faire la même chose à leur niveau. La parfaite décentralisation. Tout cela pour exiger l'annulation des poursuites judiciaires contre des individus qui ont tout simplement violé la loi. Et l'ampleur de la campagne menée pour demander leur libération laisse entendre qu'il s'agit de «détenus politiques » qui auraient été arrêtés pour «des délits d'opinion». Ce qui n'est pas le cas. En fait, il s'agit de personnes ayant profité de la traditionnelle marche du 1er mai pour scander sur la voie publique des slogans insultant toutes les institutions du pays, tous les éléments essentiels de la cohésion entre les différentes composantes de la société marocaine. Il s'agit d'actes que le code pénal qualifie de délits. Ce qui signifie qu'il existe un problème de cohérence dans l'action revendicative de l'AMDH. En effet, il existe une incompatibilité entre deux principes différents : l'indépendance de la justice et la liberté d'opinion. Et, au nom du deuxième principe, on demande la violation du premier. Exemple : demander au Premier ministre dans une lettre officielle d'intervenir pour annuler un procès en cours, c'est appeler à une régression dans les acquis de l'Etat de droit. La justice étant indépendante, le chef du gouvernement n'a pas le droit d'intervenir dans ses affaires. S'il le fait, il aura violé et la loi et l'un des principes fondamentaux pour lesquels militent tous les démocrates du monde, à savoir la séparation des pouvoirs. Pour le cas des individus poursuivis dans les affaires en question, la voie la plus noble pour exiger leur libération est la voie judiciaire qui offre différents moyens de recours. Dans le cadre, bien sûr, du respect de la loi et des procédures en vigueur.