A quelques mois de l'inauguration de la nouvelle Bibliothèque nationale du Royaume du Maroc à Rabat, les préparatifs sont en cours. Le déménagement se déroulera tout au long de l'été. Les salles de lecture baignent dans le calme absolu. Tout semble être normal à la Bibliothèque nationale du Royaume du Maroc (BNRM), sauf, peut-être, les gros cartons déposés par terre. «Nous nous préparons à déménager vers la nouvelle structure», répond le directeur Driss Khrouz. Pour lui et son équipe, pas de vacances cet été, car il faut mener à bien l'installation de la nouvelle BNRM. «Le projet sera achevé fin septembre ou début octobre. Nous avons donc commencé par réunir les collections, les ouvrages fragiles et autres documents pour leur transfert dans les meilleures conditions», explique M. Khrouz. Les réunions se succèdent au premier étage du bâtiment administratif de l'établissement pour suivre pas à pas la progression du projet. La dernière semaine a été cruciale : «Il a été question de la budgétisation du dernier semestre… Le coût du déménagement et de l'installation est estimé à deux millions de dirhams», indique le directeur. Le projet a besoin de moyens et à ce propos, M. Khrouz paraît très confiant, car, pour lui, le plus important est de rattraper le temps perdu et de restituer à la BNRM ses biens et sa valeur. «Nous devons être une force de frappe et faire appel aux compétences nécessaires», affirme-t-il. Mode d'emploi, vendredi dernier, il a été procédé au lancement d'un appel d'offres international pour l'acquisition et la mise en œuvre d'un système intégré de gestion de bibliothèques (SIGB) et d'un portail multimédia multiprocesseur. Il s'agit de fournir et d'installer des progiciels bi écriture latin arabe. L'ouverture des plis est prévue pour le 10 septembre prochain. Une commission internationale a élaboré, tout au long de plusieurs mois, depuis mai 2004, le cahier des charges auquel devra répondre le candidat. On veut que la nouvelle bibliothèque, d'une superficie de 20.832 m2, soit une référence en matière de savoir et surtout accessible à tous sur place comme à distance. C'est une priorité à laquelle s'ajoute une autre : conserver et restaurer le patrimoine documentaire. «42.000 ouvrages sont interdits de consultation. Si nous ne disposons pas d'une copie en microfilm, nous courrons le risque de perdre ces ouvrages. C'est ce qui se passait au tout début. La bibliothèque a été pillée pendant des années !», s'exclame le directeur. Plus question de laisser traîner les choses, c'est la première leçon qui a été appliquée au sein de la bibliothèque. Système antivol, numérisation et restauration des documents (écrits et photos), reconstitution du dépôt légal, recrutement d'un personnel compétent et renforcement des partenariats (France, Espagne, Japon, Allemagne…). La BNRM a mis sur les rails un ensemble de chantiers qui s'approchent, à présent, de la ligne d'arrivée. Pour M. Khrouz, qui se dit être avant tout l'animateur d'une équipe qui bouge, l'optimisme devient une stratégie de travail. «Quand j'étais étudiant, j'avais souvent des difficultés à trouver les livres dans les bibliothèques et je trouvais celles-ci trop tristes », confie le directeur. La BNRM arrive aussi pour changer cette perception des bibliothèques austères en ouvrant un espace de savoir alliant l'utile à l'agréable : bâti et jardin. Il y aura, entre autres, un auditorium de 300 places pour les activités culturelles et artistiques, une galerie d'expositions et une salle d'animation et de formation. La BNRM sera une sorte de ville dans la ville (Rabat) ou plus simplement un centre du savoir.