A la veille d'élections législatives où le Parti socialiste s'apprête à vivre l'épreuve la plus déterminante de son histoire, François Hollande semble capter toutes les amertumes. Ses alliés se gaussent de son incompétence et ses camarades quittent le navire. Plus que le machiavélisme de François Mitterrand, le cynisme de Jacques Chirac ou l'artificielle légèreté de Nicolas Sarkozy, François Hollande, le premier secrétaire du Parti socialiste, semble procurer un bonheur immense aux écrivains de romans politiques les plus sulfureux. L'homme est en train de payer le prix d'une déchirure inédite entre ses ambitions personnelles ratées et celles inassouvies de sa célèbre compagne, mère de ses quatre enfants, Ségolène Royal. Le couple Hollande/Royal et les relations mystérieuses qui semblent le marquer offrent en effet la trame de l'une des sagas françaises les plus originales que même l'imagination débridée de Hollywood semble incapable d'inventer. A la veille d'élections législatives où le Parti socialiste semble vivre l'épreuve la plus déterminante de son histoire mouvementée, François Hollande semble capter toutes les amertumes. Ses alliés de la gauche dite plurielle se gaussent de son incompétence, ses camarades quittent le navire ou font l'autruche à son passage. Un long chemin de croix attend François Hollande. L'homme est accusé de tous les torts. D'abord ceux, d'une dimension shakespearienne, d'avoir traîné les pieds dans le soutien qu'il a apporté à Ségolène Royal dans sa course vers l'Elysée. «La femme fatale», le livre de Raphaëlle Bacqué et Ariane Chemin aux éditions Albin Michel, décrit un François Hollande plus préoccupé par le sabotage de l'ascension de Ségolène Royal que l'indispensable tentation de contrer l'expansion du candidat de la droite, Nicolas Sarkozy. Ensuite, ceux des éléphants du Parti socialiste qui ne lui pardonnent jamais de ne pas avoir fait régner l'ordre et la discipline au cœur de la machine électorale socialiste, provoquant rébellion et hémorragie, d'avoir utilisé la carte de sa campagne pour écarter les rivaux et les prétendants les plus sérieux. François Hollande, l'homme aux lunettes aussi ronde que son verbe et sa démarche, aux sourires béats que les guignols de l'info croquent méchamment comme un flan mou, croulant d'autosatisfaction, ne s'est jamais réellement imposé comme un véritable chef de la gauche. Ayant succédé à Lionel Jospin au poste envié de premier secrétaire du Parti socialiste, il a toujours donné l'impression de garder les clefs de la boutique jusqu'au retour du véritable propriétaire. D'ailleurs, il était l'un des rares, au sein du cénacle socialiste, à croire au possible retour de Lionel Jospin à la course présidentielle après sa retraite spectaculaire et définitive de la vie politique le soir d'un 21 avril 2002. Manquant manifestement du charisme nécessaire à la fonction d'animateur d'équipes et d'entraîneur de troupes, de dynamo de la gauche, François Hollande a péché par un excès de gentillesse naturelle. Là où il fallait un caractère trempé, une posture mordante, il a adopté une attitude de soumission et de composition qui rappelle plus la galaxie centriste de François Bayrou faite d'eau tiède et de camomille indolore qu'un véritable discours de gauche, racé et enflammé. D'ailleurs, même quand il décoche les flèches les plus empoisonnées, les charges les plus violentes contre ses adversaires, elles tombent à plats tant le manque de conviction y est patent. François Hollande sait que les langues acidulées de son parti se sont momentanément tues pour ne pas étaler les divisions internes et porter la responsabilité de l'échec annoncé aux prochaines législatives. Il a anticipé cette mise à mort programmée en affirmant : «Au lendemain de ces élections, nous ferons les actes de refondation de la gauche, de rénovation de nos pratiques politiques, de renouvellement de nos propositions si c'est nécessaire et puis de renouvellement aussi des générations». François Hollande attend les élections législatives comme un condamné attend la potence. Un raz-de-marée bleu UMP donnerait le signal à une levée de boucliers d'une rare violence ouvrant une des successions les plus disputées et donc les plus sanglantes. Au-delà de son devenir personnel, sa relation fort énigmatique avec Ségolène Royal sera scrutée avec la curiosité malsaine des paparazzis, surtout si cette dernière se pique, comme l'analyse politique lui en donne crédit, de la tentation de vouloir reprendre l'enseigne du PS.