Dans une récente étude, l'Américain Hugh Roberts affirme que l'Algérie ne peut aller de l'avant tant que l'armée est au pouvoir. Il appelle Washington à ne plus encourager les militaires algériens à s'impliquer dans la politique de leur pays. L'armée algérienne accusée une nouvelle fois. Cette fois-ci, il ne s'agit pas d'un livre écrit par un Algérien, mais par un Américain, Hugh Roberts. Ce dernier décortique dans son étude « Retrait de l'armée de la scène politique », publiée par la Carnegie Endowment for international peace, la politique algérienne. Il y met l'accent surtout sur la nécessité pour les militaires de se retirer de cette politique, en toute urgence. M. Roberts estime, ainsi, que Washington ne doit pas encourager l'armée algérienne à s'affirmer dans la vie politique du pays. Une condition sine qua non pour espérer un changement en Algérie. Dans son étude, M. Roberts souligne que la violence qu'a connue ce pays dans les années 90 forme une preuve de l'implication de l'armée dans la vie politique. Une situation qui n'a pas été du tout favorable à toutes les formes de la politique civile, reléguée, pour sa part, au dernier rang des intérêts que ce soit au niveau pro-gouvernemental ou celui de l'opposition. Entre le civil et l'armée, le conflit devenait donc, au fil du temps, de plus en plus serré et surtout plu violent. M. Hugh écrit que c'était le cas entre les leaders islamistes civils et les mouvements islamistes armés. Au sein du pouvoir, l'armée et les services de renseignement ont pris, dans ces conditions, le rôle principal, celui de la prise de décision, analyse M. Hugh. Ce dernier explique, cause à effet, que les réformes internes ne pouvaient aboutir qu'à des résultats ambigus et très controversés. Et de préciser que les partis politiques n'ont pas réussi à offrir des alternatives au pouvoir. Pour l'auteur de l'étude, la politique algérienne vit, en ce moment, « une période d'incertitude et d'anxiété » sous-jacente aux actes terroristes revenus en force en Algérie. Dans le sillage des défaillances algériennes, plusieurs raisons sont relevées par M.Hugh à travers l'émergence des islamistes, la prise du pouvoir exécutif par l'armée, le renforcement du pouvoir des services de renseignement. Depuis 1990, 5 Chefs d'Etat, 11 chefs de gouvernement, 4 ministres de la Défense et aucun changement pour les services de renseignement, fait remarquer l'auteur de l'étude qui n'a pas omis de souligner également les violations de la liberté de la presse. Force est de constater que l'avenir de l'Algérie devient incertain dans ces conditions. M. Hugh affirme que les prochaines années confirmeront l'affaiblissement du rôle du Parlement et le rétrécissement du champ politique. Et la recrudescence du terrorisme ne fera qu'amplifier encore plus la crise à venir. Le regain d'activité des groupes terroristes risque d'entacher l'entreprise de « la paix et la réconciliation nationale ».