Une quarantaine de personnes mobilisées par l'AMITH ont parcouru en six jours plus de 1800 km pour aller rencontrer les industriels de six villes. Après ce périple, le bilan est jugé satisfaisant. Six villes, six jours et 1800 km parcourus. «Le road show entrepris par l'AMITH du 2 au 7 mai, reste, comme le souligne Karim Tazi, président de l'Association, un exemple parfait de coopération ou plutôt de partenariat public privé». «La caravane de l'Association marocaine des industries du textile et de l'habillement, dans sa deuxième édition, illustre comment une association professionnelle peut être, ajoute M. Tazi, le relais le plus efficace à la fois de l'action de l'état et des grands programmes de coopération internationale comme ceux de l'Union européenne et des USA». Cette tournée à travers différentes villes et régions du Maroc aura montré combien est urgente et nécessaire la mise à niveau des entreprises du secteur. Elle aura montré également que ce processus de mise à niveau entamé depuis le milieu des années 90, n'a jamais pu démarrer. En attestent les performances réalisées à ce jour. «En effet seules 17% des entreprises du secteur ont eu recours à des instruments de mise à niveau. Ce qui ne veut pas dire qu'elles l'ont toute réussi et on ne peut pas dire non plus que d'autres sociétés n'ont pas accompli leur mise à niveau par leurs propres moyens», tient à préciser M. Tazi. D'où l'intérêt d'une initiative aussi importante que ce «raod show». «Il fallait prouver d'abord aux industriels, explique le président de l'AMITH, que le secteur a encore de l'avenir». Il fallait ensuite prouver la même chose aux partenaires, banques et administrations mais aussi aux médias. Pour ce faire, une quarantaine de personnes d'horizons totalement différents, dont deux experts de renommée internationale, observateurs à l'échelle mondiale du marché du textiles et de l'habillement qui ont fait partie de cette tournée. «Les deux experts se sont attelés à expliquer aux industriels qu'il y a un marché et aux banquiers que le secteur est prometteur», souligne M. Tazi. Des experts allemands, et américains, des consultants nationaux et internationaux ont également fait partie de la caravane. D'autres figures d'envergure internationale, comme les représentants du groupe espagnol Inditex, propriétaire de la fameuse chaîne Zara, premier client du Maroc et numéro un mondial de l'habillement ont également fait partie de ce périple. Périple au bilan jugé plus que satisfaisant. Hormis l'étape de Rabat où peu d'entreprises se sont manifestées, l'initiative a pu mobiliser un nombre important d'industriels. À travers toutes ses étapes, de Fès, Taza, Tanger, Rabat, Casablanca,..., le programme de la manifestation a été décliné en deux axes des conférences de présentations des produits et services la matinée et des ateliers de travail avec des experts l'après-midi. «Au cours de ces rencontres, les industriels des différentes régions et villes ont fait part des difficultés habituelles», explique M. Tazi. Et c'est surtout «la frilosité du secteur bancaire» qui a été pointé du doigt à maintes reprises. Mais bien avant d'entamer la phase cruciale d'investissement, peu d'entreprises ont eu recours aux instruments de mise à niveau gérés par l'Agence nationale pour la promotion de la petite et moyenne entreprise, ANPME. «Ce qui est désolant c'est que les entreprises n'ont pas fait appel au diagnostic stratégique de l'APNME», regrette M. Tazi. Et lui d'ajouter non sans une pinte d'amertume que «ce qui est décevant c'est le faible engagement des industriels face à la nécessité de mise à niveau de leurs entreprises». «Il n'en reste pas moins, souligne-t-il, que des régions se sont démarquées par leur dynamisme». C'est le cas notamment de Casablanca et Tanger. Électricité : «il faut nous dire la vérité » «Il faut que l'on dise la vérité aux industriels», affirme Karim Tazi pour répondre à une question sur les mesures à envisager en cas de ruptures d'électricité. «Il ne faut pas chercher des boucs émissaires ou des gens à blâmer», précise-t-il. S'il y a des difficultés de production et d'alimentation en énergie électrique, c'est parce que «pendant plusieurs années, il n'a pas été planifié la construction et la mise en service de centrales électriques». Aujourd'hui, il urge de «s'assoir autours d'une table et discuter des solutions à mettre en œuvre». «Que l'Etat assume ses responsabilités», dit-il. Et faute de les en alimenter correctement, «qu'il les aide à produire leur propre électricité», ajoute-t-il. Et de préciser en substance, que pour la confection, la situation n'est pas très grave, ce qui n'est pas le cas pour la branche filature et textile pour laquelle la situation est «très inquiétante». «Que l'Etat nous aide à installer des groupes électrogènes si cela est nécessaire», conclut-il.