Deux jours après le massacre de «Virginia Tech», cette université s'est trouvée face à une nouvelle polémique. Un professeur avait averti la direction de l'établissement du comportement «instable» de Cho Seung-Hui. Cho Seung-Hui, identifié par la police comme étant le tueur de Virginia Tech, est un Sud-coréen de 23 ans. Arrivée il y a 14 ans aux Etats-Unis, sa famille s'est installée à Centreville, en Virginie. Seung-Hui habitait dans une résidence universitaire du campus. Et c'est là qu'il a commis ses deux premiers meurtres. Alors que l'émotion restait forte au lendemain du « massacre de Virginia Tech » ayant coûté la vie à 32 personnes (étudiants et enseignants), une nouvelle polémique éclate après celle qui sévit depuis lundi autour de l'alerte tardive donnée aux étudiants. L'université de Virginia Tech est actuellement accusée de n'avoir pas pris en compte certaines informations inquiétantes sur le comportement de Cho Seung-Hui. Avant le drame de lundi, l'ancienne présidente du département d'anglais de Virginia Tech, Lucinda Roy, s'était alarmée « à de nombreuses reprises» de certains écrits «dérangeants» de l'étudiant, qu'elle jugeait «intelligent» mais «instable». Elle en avait parlé avec Cho, mais sans résultat. Elle a alors averti la direction de l'université. À aucun moment, celle-ci n'a répondu à son cri d'alarme. «Cho avait pris des photos d'étudiants sans leur permission, en particulier sous le bureau», confie Lucinda à CNN. Cho a donc été mis à l'écart de ses camarades. «La seule autre alternative était de l'envoyer dans le fond de la classe, mais il ne voulait pas», raconte Lucinda Roy. Elle l'avait encouragé à aller voir les services sociaux, mais il a refusé, lui répondant par un e-mail «agacé» et «décousu». Lucinda Roy n'est pas la seule à s'être inquiétée du comportement de Cho. Deux de ses anciens camarades de chambre avaient déjà décrit son comportement comme «anormal». Il avait parlé de «suicide» et de «harceler» trois jeunes femmes. Des pièces de théâtre qu'il avait écrites pour sa classe à l'automne dernier ont également effrayé ses camarades. «Quand nous les avons lus, il y avait quelque chose de cauchemardesque», raconte Ian MacFarlane, un ancien camarade de classe de Cho, dans un blog sur le site d'AOL. «Ses pièces étaient vraiment tordues, macabres», ajoute-t-il. Cho avait part ailleurs attiré l'attention de la police dès 2005 pour des fausses alertes à la bombe, révèle, pour sa part, le quotidien britannique «The Guardian». Depuis le drame, la colère monte parmi les étudiants et les familles des victimes qui reprochent aux autorités de ne pas avoir alerté les étudiants assez tôt après les premiers tirs, lundi matin, pour empêcher la tuerie perpétrée deux heures plus tard par cet étudiant. Le gouverneur de Virginie, Tim Kaine, a annoncé, après la polémique, qu'une «commission indépendante» sera chargée de faire la lumière sur le manque de réactivité de l'université entre la première fusillade et le mail, envoyé seulement deux heures plus tard, ordonnant aux étudiants d'évacuer le campus. Selon le site Internet du «New York Times», mercredi 18 avril, qui cite des sources policières, les enquêteurs dépêchés sur la première scène de crime ont perdu du temps en s'orientant d'abord vers l'hypothèse d'un crime passionnel. Un responsable de la police d'Etat a, par ailleurs, indiqué que les armes de M. Seung-Hui sont bien celles qui ont été utilisées lors de la première tuerie. «Il n'y a pas d'indice, ni de raison de penser qu'il y avait quelqu'un d'autre à ce moment précis même s'il est trop tôt pour en conclure que le même tueur est responsable des deux fusillades», poursuit le responsable.