La saison du Haj commence bientôt. Pour parer à tout éventuel dérapage, les autorités publiques se mobilisent. Le mot d'ordre pour l'opération de cette année est le strict respect des règles de conduite imposées aux voyagistes. Une opération de pèlerinage sans faille. C'est le mot d'ordre du ministère du Tourisme qui se mobilise tôt cette année. Dans un communiqué récemment diffusé, le département de M. Douiri appelle solennellement les agences de voyages à respecter les quotas qui leur sont accordés par la commission du Haj et le cahier des charges relatif à l'organisation du pèlerinage. Le ministère souligne qu'il "ne tolérera aucun dépassement quelle que soit sa nature et quelle que soit l'agence organisatrice". Il rappelle en outre que les dispositions prises à l'encontre des agences ne respectant pas ce cahier des charges sont "fermes et définitives". Avant de préciser que "la quasi-totalité des agences de voyages respectent scrupuleusement leurs engagements, le ministère ne peut tolérer que quelques éléments isolés nuisent gravement à la réputation de la profession en portant préjudice à nos concitoyens". Et par conséquent, les autorités publiques appliqueront les sanctions administratives prévues (telle la fermeture définitive de l'agence) avec la plus grande sévérité à l'encontre des agences" ayant failli à leurs engagements. Étant avertis par avance, aucune démarche de conciliation en faveur des agences fautives ne sera acceptée. Le ton est ferme. Plus qu'un simple rappel de routine, ces dispositions viennent en effet pour parer aux éventuels dérapages qui risquent de se produire. La multiplication des abus enregistrés durant les précédentes opérations y est pour quelque chose. Mais ce rappel est-il suffisant pour assurer le respect par les voyagistes des procédures ? Plusieurs professionnels doutent de la possibilité des voyagistes de respecter à la lettre les engagements contenus dans le cahier des charges. Pourquoi ? Pour rappel, ces engagements concernent plusieurs points, parmi lesquelles, l'obligation faite aux agences sélectionnées de remettre une copie des contrats signés avec les clients et prestataires de services. En outre, ces agences sont tenues d'afficher l'autorisation délivrée à cet effet ainsi que le quota autorisé. Autre obligation, la mise à disposition par les agences d'un encadrement technique et religieux approprié, reconnu et contrôlé par une commission sur les lieux. Les voyagistes sont tenus dans ce cadre, d'engager trois personnes, si leur quota est de 50 pèlerins. Il s'agit d'un accompagnateur, d'un guide religieux et du directeur de l'agence. Mais il se trouve que plusieurs voyagistes sont techniquement dans l'impossibilité de respecter la dernière clause. Dans le quota des 10.000 pèlerins attribués aux voyagistes privés, chaque agence des 165 sélectionnés cette année dispose d'un quota entre 50 et 100 pèlerins en fonction des régions. Pour cette saison, les autorités saoudiennes ont prévu un quota supplémentaire de 500 pèlerins-encadreurs. Les voyagistes devaient bénéficier dans ce cadre du tiers de ce quota supplémentaire, soit 175 guides religieux fournis par le ministre de Habous. Un accord était intervenu, il a y deux ans, entre le département des Habous et les voyagistes dans ce sens. Or, le ministère n'a pas respecté son engagement. La situation est telle, que les voyagistes ont déjà vendu la totalité de leur quota. Et ils vont se retrouver dans l'obligation soit de sacrifier un pèlerin qui a déjà payé son voyage, ou de ne pas respecter cette clause. Mais le ministère et-il conscient de ce problème ? Oui, estime le président de la Fédération des agences de voyages du Maroc, M. Karioune, qui précise que «le simple rappel de la loi est insuffisant. Encore faut-il que cette loi soit adaptée à l'évolution du secteur et aux contraintes qui se posent réellement sur le marché». Des futurs pèlerins mécontents en perspective ?