C'est aujourd'hui que le Maroc présentera au Conseil de sécurité son projet d'autonomie. Hier, sur instructions Royales, le Premier ministre Driss Jettou a entamé à ce sujet une série de réunions avec les institutions constitutionnelles et les médias nationaux. La question du Sahara refait surface. Mais cette fois avec une nouveauté qui ne manquera pas de peser sur les consultations au sein du Conseil de sécurité. Le projet d'autonomie pour les provinces du Sud, qui sera présenté aujourd'hui au Conseil de sécurité, offrira une base de discussion féconde pour le Conseil de l'ONU. Une délégation a été chargée de déposer la copie intégrale du projet que le Royaume entend octroyer aux provinces du Sud dans le cadre de la souveraineté marocaine. Dans ce cadre, et sur instructions Royales, le Premier ministre Driss Jettou a entamé hier une série de réunions avec les institutions constitutionnelles et les médias nationaux au sujet de l'initiative. La présentation de ce projet au Conseil onusien vient couronner un processus long et patient de concertations menées par le Royaume sur le plan à la fois interne et externe. Fruit de larges consultations démocratiques, auxquelles ont été associés les partis politiques mais aussi et les habitants des provinces sahariennes, ce projet a également fait l'objet de concertations avec les principales capitales du monde. Les réactions, recueillies lors du périple diplomatique effectué ces deux derniers mois par les émissaires de SM le Roi, s'accordent sur « l'intérêt » que représente l'offre marocaine. En effet, la seule et unique alternative à un conflit qui, 32 ans après son éclatement, continue d'entraver le processus d'intégration du Maghreb. Le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, Nabil Benabdellah, cité par l'agence espagnole «Europapress», a qualifié de «positive» et «encourageante» la position du gouvernement espagnol sur le projet d'autonomie. La proposition marocaine, que la France a pour sa part jugée «constructive», s'articule autour de trois axes : «La souveraineté du Maroc, la prise en compte des particularités sociales et culturelles de la région et des critères internationaux en matière d'autonomie». L'idée, sur la base de laquelle est né ce projet, est légitimée, - au-delà du droit historique et donc inaliénable du Royaume sur son Sahara -, par les résolutions du Conseil de sécurité. Il convient de rappeler, à cet égard, que le Conseil avait adopté, lors de sa séance du 31 octobre 2006, une résolution dans laquelle il avait réaffirmé «sa volonté d'aider les parties à parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable» ; le Conseil a ainsi enterré la défunte thèse du «Plan de règlement», renvoyant dos-à-dos les partisans de cette thèse éculée et par-dessus tout inapplicable, soit le Polisario et son tuteur l'Algérie. Le projet d'autonomie, qualifié d' «initiative lucide et courageuse», propose une porte de sortie incontournable à un conflit créé de toutes pièces. Il ménage, par conséquent, une porte d'entrée à l'édification maghrébine, appelée des vœux et luttes de tous les peuples maghrébins. En lieu et place de l'attentisme, observé par les ennemis de l'intégrité territoriale du Royaume, au détriment d'une communauté internationale inquiète de voir perdurer ce conflit, le Maroc apporte la preuve de sa volonté de tourner la page. Outre le projet d'autonomie, le Conseil de sécurité devra examiner le 16 avril le rapport du secrétaire général de l'ONU sur le Sahara. S'agissant du mandat de la mission de l'ONU au Sahara (Minurso), qui arrive à expiration le 30 avril, le Conseil devra décider de sa reconduction vendredi 27 avril. Le verdict final est attendu fin avril. Cadrage Par Omar Dahbi mailto:[email protected] Avec la présentation officielle du projet d'autonomie devant les instances onusiennes, l'affaire du Sahara marocain entre dans une phase déterminante. Le plan d'autonomie passe du stade d'initiative marocaine – une main tendue à toutes les bonnes volontés – à celui de proposition onusienne puisqu'elle sera forcément intégrée dans la future résolution du Conseil de sécurité comme une voie de solution que le secrétaire général devra prospecter avec toutes les parties concernées. Bénéficiant du soutien des membres permanents de l'instance onusienne, de l'Espagne, pays influent sur la question du Sahara, et de l'appui des pays arabes, le projet est entouré de toutes les garanties de réussite. D'autant plus qu'il a été élaboré sur la base d'une large concertation qui a impliqué les populations sahraouies, les partis politiques et la société civile active dans la région. Tous les ingrédients de la réussite sont là. Il ne manque plus que la bonne volonté de l'Algérie pour pouvoir aller de l'avant et dans la solution de ce conflit artificiel et dans la construction de l'espace maghrébin. L'Etat marocain a eu le courage, de l'avis de tous les observateurs, de faire un pas en avant pour permettre le déblocage de ce dossier alors qu'il n'était nullement dans l'obligation de le faire puisque « Le Maroc est dans son Sahara et le Sahara est dans le Maroc qui est le sien » comme l'a souligné SM le Roi dans le discours de commémoration du 29ème anniversaire de la Marche Verte. Mais, fort de la légitimité de sa position et de la solidité de sa démocratie, il l'a fait. Aujourd'hui, le bien-fondé de la cause allié à la justesse du choix de la méthode ont permis de parvenir à l'adhésion de la communauté internationale à la thèse marocaine.