Un haut gradé des forces aériennes britanniques, David Walker, a provoqué un tollé en appelant ses pilotes à penser à l'éventualité d'opérations kamikazes dans le cadre de la «guerre contre le terrorisme». Y a-t-il des limites à «la guerre contre le terrorisme» ? Jusqu'où les alliés de l'administration américaine seront-ils prêts à aller dans leur combat contre le réseau Al-Qaïda ? Faut-il combattre le mal pour le mal ? Et en d'autres termes, la fin justifie-t-elle les moyens ? En Grande-Bretagne, un haut gradé de la Royal Air Force (forces aériennes britanniques) a provoqué un tollé en appelant ses pilotes à réfléchir à des opérations suicides. Selon l'édition du tabloïd «The Sun», parue mardi 3 avril, des pilotes des forces aériennes britanniques ont été appelés par leur supérieur à penser à l'éventualité d'opérations kamikazes dans le cadre de la «guerre contre le terrorisme». «Pensez-vous qu'il serait raisonnable que je vous donne l'ordre d'écraser votre avion sur un véhicule transportant un responsable taliban ou d'Al-Qaïda ?», a demandé le Air vice marshal, David Walker, à ses pilotes lors d'une conférence tenue lundi.Ces déclarations ont été confirmées par un porte-parole du ministère britannique de la Défense. Cité par le journal britannique à grand tirage, ce responsable a estimé que le général David Walker n'a pas précisé s'il ordonnerait à ses troupes de le faire, mais avait simplement présenté un scénario appelant les pilotes à y réfléchir. «Dans le cadre d'une mission d'entraînement, il (le général) souhaitait qu'ils réfléchissent à la manière dont eux et leurs commandants réagiraient à une situation de vie ou de mort extrême - par exemple à (celle) où des terroristes tenteraient de jeter leur avion sur une ville britannique», a déclaré le porte-parole. En tout cas, l'annonce de ce «plan kamikaze», que David Walker présente comme «un pire scénario possible», a provoqué la colère des pilotes d'élite. Ils ont qualifié la proposition du plus haut gradé de l'aviation britannique de «folie pure» ou encore d'«écœurante», révèle le quotidien «The Sun». Le tabloïd évalue, toutefois, la mort d'un pilote à 6 millions de livres (coût de sa formation, soit 650 millions de dirhams), sans parler de la perte de l'appareil qui s'élève à 50 millions de livres (5,4 milliards de dirhams). Au Royaume-Uni, la «guerre contre le terrorisme» est déjà remise en cause depuis fort longtemps. Les méthodes employées pour combattre la nébuleuse Al-Qaïda sont très contestées surtout par les associations de défense de droits de l'Homme. Certains observateurs sont même allés jusqu'à lier les attentats de Londres au soutien inconditionnel de Tony Blair à la politique américaine. Le fiasco militaire en Irak et la montée de l'insurrection en Afghanistan ont été à l'origine de la chute vertigineuse de la cote de popularité du Premier ministre britannique. Dans un climat hostile aux messages prônant la «guerre contre le terrorisme» à la manière des cow-boys, les déclarations de David Walker ne passeront certainement pas inaperçues. Demander aux pilotes de la Royal Air Force s'ils sont prêts à se convertir en kamikazes, comme les pilotes japonais durant la Seconde Guerre mondiale, risque fort bien d'exaspérer davantage l'opinion publique britannique.