Meknès. Si la fête du Mawlid est célébrée par les Musulmans dans les différentes régions du monde, cet événement revêt un caractère particulier dans la ville ismaïlienne. Descendant du Prophète, Sidi M'hamed Ben Aissa, dit Cheikh Al Kamel (le parfait) (1467-1526) a consacré toute sa vie à l'explication de la parole et actes du Prophète Sidna Mohammed et à aider les fidèles à parvenir à une communication divine étroite. Ses actes sanctificateurs, ses miracles, son amour pour le Prophète et son oeuvre accomplie pour le bien des fidèles l'ont hissé au rang de sage de l'Islam, un renom qui s'étend à tout le Maroc et gagne plusieurs points de l'Afrique du Nord. Sa demeure et sa Zaouia accueillaient, en particulier durant la période de la fête du Mawlid, les disciples, amis et fidèles qui venaient des différentes régions du pays pour puiser le savoir auprès du Cheikh et participer aux veillées religieuses organisées à cette occasion. Aujourd'hui encore, les fidèles appartenant à la confrérie Aissaoua affluent chaque année des différentes régions du Royaume vers le sanctuaire de Sidi M'Hamed Ben Aissa où des cérémonies et rituels traditionnels riches en couleurs sont organisés en célébration des fêtes d'Al Mawlid. Cette tradition centenaire réunit des centaines de milliers de fidèles, aussi bien de la confrérie des Aissaouas que d'autres confréries religieuses, qui accomplissent en taïfas (groupes) les rites de la Zyara (visite) du mausolée du Cheikh et se livrent, durant toute la période du moussem, à de longues nuits de musiques et de danses processionnaires. Provenant d'une tradition orale dont la lointaine et authentique conservation est le fait de personnes touchées par la grâce de Cheikh Al Kamel durant des siècles, et transmis de génération en génération, le rituel de la Lila (nuit) des Aissaouas comprend généralement le Hizb, Dikr, Horm, Ahadun et Hadra. Des phases accompagnées par le rythme répétitif du Tbel, Bendir et Ghaita. Assis en rond, les Aissaouas commencent la veillée par le Hizb, un chant récitatif comportant une grande variété de rythmes et de mélodies et jalonné de citations coraniques, avant d'entamer le Dikr, qui est un ensemble de chants dédiés à des saints ou au prophète, exécutés par un soliste (Dhakkar) auquel le choeur répond, soutenu par les instruments à percussion.