Selon un journal russe, un cartel de gaz sera créé le mois prochain à Doha. Cette source énergétique est devenue ces derniers temps une arme économique aux enjeux géopolitiques. Plusieurs pays producteurs de gaz songeraient à créer un puissant cartel, à l'image de l'OPEP pour le pétrole. D'après le quotidien russe «Kommersant», le premier a dévoilé l'information reprise ensuite par l'agence de presse russe Ria Novosti et par la presse algérienne, une «OPEP gazière» pourrait voir le jour le 9 avril prochain. Ces pays profiteront, selon le journal, d'une conférence énergétique prévue à Doha pour lancer officiellement cette nouvelle organisation. Les pays fondateurs seraient l'Algérie, le Qatar, l'Iran, la Russie et le Venezuela, poursuit «Kommersant». «Selon des sources diplomatiques, le désir d'une telle fondation a été exprimé par la Russie, l'Iran, le Qatar, le Venezuela et l'Algérie. L'apparition d'une structure énergétique aussi puissante sera certainement accueillie très négativement par les Etats-Unis et l'UE», renchérit, pour sa part, l'agence Ria Novosti. L'idée d'une OPEP du gaz a été évoquée pour la première fois en fin 2006, dans le sillage d'un protocole d'accord signé entre le Sonatrach (l'entreprise publique algérienne d'exploitation des hydrocarbures) et Gazprom, le géant russe. Les gouvernements des deux pays, la Russie et l'Algérie, avaient auparavant nié avoir une telle intention. «Les accusations concernant la volonté algérienne et russe de créer un cartel sont fausses. Nous avons des intérêts communs», avait déclaré, en janvier dernier, le ministre russe de l'Energie, Victor Khristenko, durant une visite à Alger. Cependant, Chakib Khelil, ministre algérien de l'Energie et des Mines, a appuyé hier mardi l'option d'une OPEP du gaz qu'il avait pourtant lui-même exclu il y a quelques jours. Le président russe Vladimir Poutine a plusieurs fois estimé que l'OPEP du gaz est une idée «intéressante». «Nous allons y réfléchir», a-t-il souligné. Pour le président algérien, Abdelaziz Bouteflika, l'idée mérite d'être «discute», a-t-il estimé dans un entretien au journal espagnol «El Pais». «Intéressante», «mérite» d'être discutée… Bref, toutes ces déclarations rendent la création d'un cartel de gaz une affaire de plus en plus plausible, surtout qu'actuellement cette source énergétique est devenue une véritable arme économique. La Russie s'en est déjà servi contre l'Ukraine déclenchant une crise énergétique dont les ondes de chocs ont secoué l'ensemble des pays européens. Le gouvernement ukrainien est pro-occidental depuis l'arrivée de Victor Louchtchenko au pouvoir. Le Qatar, qui dispose actuellement du plus grand gisement de gaz dans le monde, a lui aussi utilisé le gaz pour faire pression sur ses voisins. Et plus récemment, le pouvoir algérien a voulu sanctionner le gouvernement espagnol pour son soutien au projet d'autonomie en augmentant le prix du gaz naturel qu'Alger exporte vers l'Espagne. Cependant, et même en créant un «Lobby de gaz», il sera presque impossible de changer brusquement les prix. Le marché est très régionalisé car le gaz est difficile à transporter. Il est généralement distribué par gazoduc.