L'idée d'un cartel du gaz fonctionnant comme l'Opep avec le pétrole ne rencontre pas pour le moment d'échos favorables en Russie. Le ministre russe de l'Energie, Viktor Khristenko, a rejeté mardi l'idée de la création d'un cartel ou d'une Opep du gaz qu'il a qualifiée de «fruit d'une imagination exaltée». «Les inventions concernant des cartels, des Opep du gaz sont le fruit d'une imagination exaltée», a déclaré le ministre mardi soir lors d'une conférence de presse à Moscou. L'Iran a suggéré dernièrement à Moscou l'idée d'une Opep du gaz. L'ayatollah Ali Khamenei a ainsi estimé que «les deux pays peuvent établir ensemble une organisation similaire à l'Opep pour s'occuper de coopération dans le secteur du gaz». «L'Opep du gaz est une idée intéressante. Nous allons y réfléchir», avait déclaré le 1er février le président russe Vladimir Poutine au cours de sa session annuelle de questions réponse avec un millier de journalistes. M. Khristenko a semblé se vouloir rassurant après la signature fin janvier avec l'Algérie d'un protocole d'accord pour renforcer la coopération des deux pays dans le domaine énergétique. Cet accord avait suscité une réaction nerveuse de l'Union européenne. «Il n'y a qu'un seul instrument pour augmenter la sécurité énergétique mondiale, c'est de lancer un dialogue mondial», a déclaré le ministre. «C'est pourquoi l'élargissement continuel de nos contacts tant avec les consommateurs qu'avec les producteurs ne sert qu'un but : le renforcement de la sécurité énergétique et la réduction des risques dans ce domaine. C'est à cela qu'ont été consacrées nos rencontres en Algérie, à cela que seront consacrées nos rencontres au forum des pays exportateurs de gaz», a assuré M. Khristenko. «Afin d'élaborer des positions unifiées compréhensibles et acceptables par tous les participants à la chaîne énergétique», a-t-il poursuivi, enchaînant ensuite avec sa déclaration sur les "inventions" concernant les cartels. La Russie et l'Algérie sont, avec la Norvège, les principaux fournisseurs de gaz de l'Union européenne, avec respectivement 160 (24%) et 60 milliards de m3 (11%) par an. Leur rapprochement depuis août 2006 a suscité les inquiétudes de leurs clients européens. La Russie possède près de 30% des réserves connues du gaz et produit 20% du gaz mondial. L'Iran a les deuxièmes réserves du gaz après la Russie mais a du mal à développer ses exportations à cause des sanctions américaines. L'Agence internationale de l'énergie (AIE), qui défend les intérêts des pays consommateurs, est montée au crénau dès vendredi pour dénoncer le projet russe. Selon l'AIE, une Opep du gaz serait "contre-productive pour les pays producteurs" car elle se traduirait par une réduction de la consommation et une substitution par d'autres énergies. Contrairement au pétrole, matière première stratégique évoluant sur un marché mondial, le gaz est commercialisé dans le cadre de trois grands marchés régionaux, américain, européen et japonais. • D'après Boursoma