En une seule matinée, deux cadavres ont été découverts à Marrakech. L'un d'entre eux appartient à Gérard, un Français que son amant Abdeslam a tué de plusieurs coups de couteau. Nous sommes à Marrakech. Précisément au commissariat qui jouxte la place Jamaâ El Fna. Les éléments de la PJ sont à pied d'œuvre. Certains d'entre eux planchent sur des affaires non élucidées et les autres à des enquêtes de terrain. Ce lundi 5 mars a commencé sous de mauvais auspices. Deux cadavres ont été découverts tôt le matin. Le premier l'a été dans un appartement de la résidence «Mounia», située à la rue Kadissia et appartenant à une mère de famille. Il s'agit d'Alexandra Flaischaker, née à Neuilly sur Seine en 1971, mariée à l'un de ses concitoyens, mère d'une fille de cinq ans couturière de son état et qui vit au Maroc depuis cinq ans. Quant au second cadavre, il a été découvert à la résidence «Les trois palmiers», située au boulevard de France (quartier Guéliz). Il s'agit d'un octogénaire français, Gérard Rebouillat, qui est restaurateur de son état. Les premiers constats confirment que, dans les deux cas, il ne s'agissait pas de mort naturelle. Car, les deux corps portaient des blessures à l'arme blanche. Dans le premier cas, les investigations ont néanmoins conclu au suicide. Par contre, dans le second tout indiquait qu'il s'agissait d'un crime crapuleux. Les enquêteurs de la PJ de Marrakech ont donc effectué une enquête approfondie qui a vite conduit à l'arrestation de l''auteur du crime. Il s'agit de Abdeslam, un brun, de taille sportive, célibataire, serveur, âgé de quarante-deux ans. Il a rencontré Gérard Rebouillat, il y a une dizaine d'année, dans un restaurant situé près de Jnane El Harti quand il y travaillait comme serveur. Abdeslam remarquait que son client était très généreux. À chaque repas, il lui versait un pourboire assez intéressant. Pourquoi ? Abdeslam n'en savait rien jusqu'au jour où le Français lui a dit qu'il était séduit par son charme et sa belle corpulence. Il lui a également demandé de coucher avec lui. Abdeslam a acquiescé. Le jour fixé, il s'est pointé à l'heure dite au rendez-vous. Le lendeman Abdeslam a reçu une certaine somme d'argent en échange de ses services et il est parti. Trois mois plus tard, les deux hommes se sont de nouveau rencontrés près du terrain Al Harti. Abdeslam qui était au chômage n'a pas hésité à demander au Français de lui chercher du travail. Restaurateur de son état et disposant d'un établissement situé au quartier Doukkala, Gérard n'a pas hésité à le recruter et à l'inviter, de temps à autre, chez lui au quartier Daoudiyate. Entre-temps, Gérard a cédé son restaurant à une Française et a acheté un appartement à la résidence «Les trois palmiers». Pour sa part Abdeslam a quitté son travail de serveur et il est demeuré à la disposition de Gérard contre l'achat d'une voiture et le versement d'un «salaire» mensuel de trois mille dirhams. Au fil des jours, Abdeslam a commencé à penser au mariage. Il a même entretenu une relation avec une fille à laquelle il a promis de demander la main. Une idée que Gérard aurait refusée puisqu'il était décidé de le garder pour lui tout seul ce que ce dernier n'a pas apprécié outre mesure. Et il l'a crûment expliqué à son amant. En réaction, Gérard a noué une nouvelle relation amoureuse avec un ressortissant marocain à l'étranger prénommé Rachid. Une relation qui a provoqué la jalousie de Abdeslam qui voulait à la fois prendre femme et demeurer avec Gérard. «Soit que tu te maries, soit que tu restes avec moi», lui propose le Français. Un choix inacceptable pour Abdeslam qui a décidé de mettre fin aux jours de son amant. La nuit de dimanche au lundi, 4 au 5 mars, il a passé une nuit blanche. Sa décision prise, il ne restait plus qu'à passer à l'acte. Lundi matin, il se rend chez Gerard, entre dans la cuisine, se saisit d'un couteau et assène sans pitié plusieurs coups mortels à son amant.