Les femmes jugent ne pas être assez représentées dans les instances élues. Le Parlement ne déroge pas à la règle. Les élections de 2007 ne risquent pas de trop influer sur cette donne. Le "Mouvement pour le tiers des sièges pour les femmes", constitué fin mai 2006, semble déjà un vieux souvenir malgré l'appui de dizaines de diverses ONG. Pour les promoteurs de ce mouvement, il était temps pour le Maroc d'oser aller au-delà des listes nationales instaurées à l'occasion des législatives de septembre 2002 pour déboucher sur une plus grande discrimination positive. Ce mouvement, comme son nom l'indique, demandait que le tiers des sièges des instances élues revienne aux femmes. Une campagne dans ce sens avait été organisée au moment où se préparaient encore les lois électorales pour demander, entre autres, l'instauration d'une alternance hommes/femmes à la tête des listes des partis. Aucune mesure du genre n'a été adoptée et les partis politiques, au-delà des déclarations d'intention, ne s'étaient pas “montrés chauds“ pour répondre aux revendications des femmes. Les lois électorales, adoptées il y a quelques semaines, non plus. L'actuelle législation, si elle insiste toujours sur la liste nationale permettant d'élire, sur le plan national, trente députées, n'oblige aucunement les partis à ne réserver cette liste qu'à des femmes. La loi sur les partis politiques ne prévoit également aucune disposition obligeant les formations politiques à donner toutes leurs chances aux femmes. Car si l'article 22 de ladite loi insiste sur un quota pour les femmes dans les instances partisanes, rien n'oblige les partis politiques à mettre au-devant de la scène la "gent féminine" pour briguer des mandats électifs. Pire encore, lors des élections partielles du 8 septembre 2006 pour le renouvellement du tiers des sièges de la deuxième Chambre, les femmes ont été "souverainement ignorées". A l'exception de deux centrales syndicales qui ont placé des femmes à des positions adéquates sur leurs listes, les partis politiques se sont montrés particulièrement frileux. Résultat logique : aucune femme issue d'un parti politique n'a fait son entrée à la deuxième Chambre au titre du dernier renouvellement ! Pour les élections du 7 septembre 2007, la situation ne risque pas de trop s'améliorer. Les secteurs féminins de l'écrasante majorité des partis politiques crient de nouveau au scandale. Ils jugent qu'imposer le seuil des 6 % des voix (pour le partage des sièges) à la liste nationale risque de favoriser des partis qui se comptent sur le bout des doigts. A l'occasion du prochain scrutin, c'est encore la guerre des positions, sauf que cette fois-ci, il s'agit d'une guerre de positions entre les femmes au sein du même parti et c'est à qui piloterait la liste féminine ou qui occuperait, au moins, l'une des premières positions. Pour le reste, ce sera encore la mode des "candidatures militantes" ou les "places des morts" comme les qualifient les mauvaises langues. En 2002, 30 femmes sont entrées à la première Chambre à la faveur de la liste nationale. A la deuxième Chambre, elles sont au nombre de 3 seulement. Pour la gestion de la chose locale, le tableau est désespérément plus sombre. Les élections communales du 12 septembre 2003 n'ont permis l'élection, sur des dizaines de milliers de postes, que de 127 conseillères, soit encore 0,53 % du total des élus de 1.500 communes. Le Maroc occupe la 92 ème place du classement mondial pour la représentativité des femmes et la 4 ème place sur le plan arabe après l'Irak, la Tunisie et la Syrie. Au sein des grandes ONG, les femmes tardent à s'emparer des postes de responsabilité avec de rares exceptions comme c'est le cas pour l'OMDH (Organisation marocaine des droits de l'Homme) présidée, depuis le dernier congrès, par Amina Bouayyach.