Redouane n'a jamais pensé que son amour pour Soumia allait le pousser à commettre le plus abject des crimes. Il a été arrêté et déféré devant la justice. Quand les parents de Soumia sont rentrés chez eux, cet après-midi du mercredi 14 février à Derb El Fokara, à Casablanca, ils n'ont pas cru leurs yeux. La scène dépassait l'entendement. Gisant dans une mare de sang, leur fille portait les marques de plusieurs coups de couteau. Elle avait deux grandes blessures au niveau du ventre, deux au niveau du front, deux au niveau de la jambe gauche, une septième blessure au niveau de la poitrine et une huitième au niveau du bras gauche. Sa mère ayant perdu connaissance, le père s'approche de Soumia pour vérifier si elle avait rendu l'âme ou si son cœur battait encore. De fait, elle était vivante. Alertés, les éléments de la police judiciaire du district de Derb Soltane-El Fida se dépêchèrent sur les lieux, établirent leurs constats d'usage et appelèrent les éléments de la Protection civile en vue de faire évacuer la victime vers les Urgences de l'hôpital Abou Al Ouafi afin qu'elle y subisse les soins nécessaires. Son état de santé a été jugé critique par les médecins de cet établissement hospitalier. A raison puisqu'elle est vite tombée dans un coma profond duquel elle ne sortira que quelques jours plus tard. Mardi 20 février. Lorsqu'elle a ouvert les yeux, son père qui était à son chevet lui a demandé de lui dire le nom de celui qui l'a si sauvagement poignardée. Avec beaucoup de peine, elle balbutie un prénom : Redouane et rend l'âme. Avisée du décès, la police est venue dresser le constat de ce qui s'est passé. Le père a informé les enquêteurs du fait qu'avant de rendre l'âme, sa fille lui a avoué le nom de son agresseur. «C'est notre voisin…», ajoutera-t-il les larmes aux yeux. Âgé de dix-huit ans, Redouane habite avec sa famille dans la même maison que la famille de la défunte. Il en est même tombé amoureux et le lui a dit à plusieurs reprises. A chaque fois, Soumia se moquait de lui et le jour où il avait fait part de son intention de demander sa main, elle l'a humilié. «Comment un chômeur, sans avenir, comme toi peut-il assumer la responsabilité d'un foyer et subvenir aux besoins d'une épouse ?», lui a-t-elle demandé. Elle a ajouté qu'il agissait comme un adolescent irresponsable qui a quitté très tôt l'école et qui n'a jamais appris un quelconque métier ou gardé un emploi. A chaque fois qu'il lui parlait d'amour, elle le traitait de raté. Il a donc pris la décision de la déflorer à la première occasion qui se présentera à lui. Mercredi 14 février, il a attendu que les parents de sa récalcitrante dulcinée partent à leur travail pour passer à l'acte. Vers 11 h, Soumia entend frapper à la porte. Elle ouvre et se se retrouve face-à-face avec Redouane. Elle tente de refermer la porte, mais il la pousse violemment et s'introduit de force dans la maison. Il se jette alors sur elle, tente de l'embrasser et lui demande de coucher avec lui. Soumia refuse d'obtempérer et se débat pour échapper à son étreinte. Il l'immobilise et commence à la dénuder pour passer à l'acte. Elle lui oppose une farouche résistance et commence à crier au secours. Hors de lui, Redouane sort un couteau de sa poche et la menace, ce qui a eu pour résultat de la faire crier plus fort encore. Pour la faire taire, il lui assène successivement huit coups de couteau. Soumia commence à perdre son sang et tombe dans les pommes. Croyant qu'elle avait rendu l'âme, Redouane prend la poudre d'escampette. Il vient d'être arrêté à la gare routière d'Ouled Ziane. «Je l'aime encore», dira-t-il aux enquêteurs qui l'ont mis entre les mains de la justice.