Cinq avocats du barreau de Tétouan ont été sanctionnés en relation avec la fameuse «Lettre pour l'histoire». Trois d'entre eux ont été radiés de la profession. Habib Hajji, Khalid Bourhayel et Abdellatif Kenjaâ, avocats au barreau de Tétouan, ont été inculpés par la chambre consultative de la Cour d'appel de cette ville qui a décidé de les radier du corps de la profession. La même chambre a également décidé la suspension, pour deux ans, de deux de leurs collègues, Charaf Chekkara et Mohamed Ajouab. Les cinq avocats, pour la chambre consultative, s'étaient rendus coupables d'«atteinte à l'honneur de la profession et outrage à la défense et à la justice» en relation avec la fameuse «Lettre pour l'histoire» portant leurs signatures et s'attaquant aussi bien aux magistrats qu'aux avocats et responsables sécuritaires de la ville de Tétouan. Ladite lettre, publiée il y a plusieurs mois, fustigeait la corruption «généralisée» dans l'appareil judiciaire de cette ville en plus des graves accusations envers les magistrats, mais aussi à l'encontre des avocats de la région. Interrogé sur la portée d'une telle décision, Mohammed Ziane dit regretter «que les choses en soient arrivées à cette extrémité». «Il aurait fallu trouver un compromis intelligent permettant de redonner aux magistrats leur dignité et en même temps pour éviter d'en arriver là», ajoute le bâtonnier de Rabat pour qui, quand on n'a pas de preuves de ce qu'on avance, la sortie la plus «honorable» est de «faire son mea culpa». Selon des sources proches de ce dossier, les cinq avocats n'ont pas jugé nécessaire de sonder cette dernière issue et notamment après leur audition par le juge d'instruction. Le magistrat, dès les premières auditions, avait demandé aux avocats concernés de fournir les preuves de leurs graves accusations. Selon des sources sur place, les conséquences de la «Lettre pour l'histoire» auraient pu être contenues si des milieux politiques et associatifs n'étaient intervenus pour s'emparer de l'affaire pour d'autres objectifs. D'ailleurs, la première réaction à la radiation des trois avocats et à la suspension des deux autres a émané de l'AMDH (Association marocaine des droits de l'Homme). Cette dernière, dans un communiqué de son bureau central daté d'hier, affirme que le procès des cinq avocats était «inéquitable» et que les décisions qui en découlent constituaient «une violation des droits de la défense et de l'immunité des avocats porteurs de la libre parole». L'organisation d'Abdelhamid Amine a annoncé, par ailleurs, sa disponibilité à fournir auxdits avocats tout le soutien nécessaire pour le «règne de la liberté d'opinion et d'expression». Selon la loi, les cinq avocats disposent de quinze jours, à compter de la notification du jugement les concernant, pour faire appel. Lequel est introduit, pour ce qui concerne les avocats, auprès de la chambre administrative de la Cour suprême. A Rabat, la Cour d'appel vient de reporter au 12 avril prochain le procès d'Abdelfettah Zahrach et Toufik Moussaïf Benhammou. Ces derniers, membres de la défense du groupe «Ansar Al Mahdi», avaient déclaré que «le dossier était monté de toutes pièces».