Tanger. La chambre des pêches maritimes de la Méditerranée a organisé, mercredi 21 février, une journée d'étude sur l'impact socio-économique de l'interdiction de la pêche à l'aide des filets maillants dérivants. Le plan d'interdiction de la pêche à l'aide des filets maillants dérivants qui entre dans le cadre de l'accord de pêche Maroc-Union européenne, a été au centre d'une rencontre à Tanger entre les marins pêcheurs et les responsables de ce secteur névralgique. Dans son intervention, le représentant du ministère de l'Agriculture, du Développement rural et des Pêches maritimes, Abdeslam Fahfouhi, a expliqué que «ce plan est le seul moyen de permettre à la production marocaine d'accéder au marché étranger», faisant remarquer que les marins pêcheurs doivent participer à la réussite de ce plan qui sera opérationnel en 2008. «D'ailleurs, a-t-il dit, un fonds de subvention sera créé à cet effet pour aider plus particulièrement les marins qui pratiquent la pêche à l'aide des filets maillants dérivants». L'intervention de M. Fahfouhi a déclenché la colère des professionnels de ce secteur qui n'ont pas hésité, à maintes reprises, à lui couper la parole. «Ces mesures prises par les responsables vont à l'encontre des intérêts d'un grand nombre de marins pêcheurs utilisant les filets maillants dérivants», a déploré le président de l'Association des armateurs et de la pêche à Tanger, Youssef Benjelloun. Dans une déclaration à ALM, Youssef Benjelloun a précisé que «90% des recettes du secteur de la pêche à Tanger proviennent des prises d'espadon et que le chiffre d'affaires des 400 unités qui pratiquent la pêche de l'espadon dépasse 600 millions de dirhams alors que leurs rentes annuelles s'élèvent à 300 millions de dirhams ». Dans la même foulée, le président de l'Association des armateurs et de la pêche à Tanger a souligné que la pêche de l'espadon «est un métier rentable », mais a toutefois indiqué que «la subvention de 12 millions de dirhams réservée aux pêcheurs d'espadon est au-dessous des attentes des opérateurs de ce secteur». «Les pays de l'Union européenne, a-t-il poursuivi, ont accordé des indemnités aux marins pêcheurs utilisant les filets maillants dérivants qui leur ont permis soit de surmonter leurs pertes, soit de se convertir dans d'autres activités ». Pour lui, il faut une véritable coopération entre professionnels de ce secteur et les responsables pour créer une commission composée des représentants des deux parties pour «mieux étudier ce dossier dont dépend l'avenir d'un grand nombre de Marocains». Pour sa part, le vice- président de la chambre des pêches maritimes de la Méditerranée à Tanger, Mohamed Larbi Bourass, a déclaré à ALM que cette réunion entre les marins pêcheurs et les responsables «est une occasion pour discuter de l'avenir de 5000 familles qui vivent essentiellement de la pêche de l'espadon à l'aide des filets maillants dérivants». Selon lui, quatre cents unités utilisent ce type de pêche dans la région du Nord, dont 75% opèrent dans le port de Tanger. La pêche de l'espadon à l'aide des filets maillants dérivants dans la région du Nord est utilisée depuis 1989, ce qui a engendré une nette amélioration au niveau des captures de cette espèce notamment en Méditerranée. La valeur brute de la production de l'espadon est estimée à 240 millions de dirhams, dont 80 % réalisés au port de Tanger. Cette activité emploie directement quelque 3500 marins, auxquels s'ajoutent 1500 autres personnes qui travaillent dans le conditionnement, la commercialisation, le transport, etc… Le Maroc, rappelle-t-on, a adopté plusieurs mesures visant la réglementation de l'utilisation des filets maillants dérivants. • DNCR à Tanger